Orphée 2001 - Margelle

tions. On verrait bien.
C’était une belle fin de journée, du type de celles que Baudelaire avait
aimées et qu’il avait nommées vives clartés. Les filles poussaient comme
l’herbe du diable dans les rues d’un Paris qui n’était plus tout à fait
la Capitale ensorceleuse de Miller, Ferré, Aragon, Picasso et du jeune
Anthelme, mais qui restait capable de faire rêver et de donner de l’énergie
à ceux qui n’y séjournent pas trop longtemps. Je pointai le museau effilé
de mon Alfa vers le Sud, GPS 295 installé devant le pare‑brise. Divin,
parfaitement inutile et dangereux. Je partis pour l’Italie. Seul. Disponible.
En chemin, je réalisai ma bêtise. Les messages étaient du type ana‑
gramme. Compte tenu du nombre de signes, je n’avais aucun programme
pour les traiter, il devait y avoir des centaines de milliers de combinaisons,
à supposer que le français soit la clef désirée. Je notai de m’y atteler à
Milan, avec l’aide éventuelle du contre‑espionnage italien qui attendait
quelques petits services de ma part, et laissai flotter les aiguilles du bolide.
Au rythme de mon changeur de CD. C’est ainsi que, pour le plaisir, j’ai
révisé la Tosca, Wozzeck, le concert de Cologne et Don Juan, en route.
Disponible. Seul.