Orphée 2001 - Margelle

Chute à Iwo Jima
Chute] [Brisants, écumes
Les niveaux de gris ne s’étaient pas manifestés mais, vus d’avion, les
bords de mer du Pacifique sont charmeurs. Succession de turquoises et
de camaïeux de bleus, de sables blancs partant en dégradés un peu jaunis,
une bonne idée du Paradis bien que, dans mes souvenirs, Eden n’ait pas
du tout eu cet aspect. J’eusse savouré cette vue avec plaisir mais quelque
chose m’en empêchait.
Ces deux Marines notamment qui m’avaient passé de force la combi‑
naison verte des pilotes de la Navy et traîné devant le Général Curtis Le
May en personne.
‑ Commandant Le Coq, je suis le Général Le May.
‑ Mon Général ! J’avais salué par réflexe mais je n’avais aucune idée de
ce que ce galonné me voulait.
‑ Nous comptons tout particulièrement sur vous, avait‑il dit sèchement,
Iwo Jima sera la tête de pont de nos forces de débarquement. À destination
du royaume des citrons.
Il prit un air inspiré à « Volcano est trop protégé et l’archipel des Bonin
ne nous convient pas. Ce sera Iwo Jima puis une directe sur Nagoya, avant
de prendre Tokyo. Des commentaires Le Coq ? »
Je faillis lui renvoyer un sonore « Aucuns, Le May ! » mais des com‑
mentaires j’en avais une masse et des questions encore plus. Je venais de
réaliser dans quel trou temporel j’étais tombé à la guerre du Pacifique !
Les Philippines avaient été libérées depuis quelques mois et on devait être
en février 1945 à la veille de l’opération Iceberg. Par acquis de conscience
je lui demandai s’ils avaient déjà lâché « Little Boy » et son frère cadet
« Fat Boy ».
‑ Jamais entendu causer de ça, fit Le May qui commençait à m’énerver
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