Orphée 2001 - Margelle

leurs de merveilles, dont le drame et la beauté résidaient en une vie plus
qu’éphémère.
Il nous serait plus facile d’en faire une partition pour décrire ces ges‑
tations d’univers, ces syntaxes orphelines en errance, ces chorégraphies
auxquelles jamais nous ne comprendrons rien mais dont la connaissance
nous bouleversera de beauté à l'heure de notre fusion. Nous ne disposons
que de mots pour de l’indicible faire du dicible, faire émerger ces visions,
et nous l’accomplissons souvent dans l'errance, au fil des entropies, ce qui
n’est pas la plus mauvaise ligne droite.
Il vint quelqu’Un d’encore plus mystérieux que ces étages d’infinis, une
entité que nous ne pouvons décrire que maladroitement, avec beaucoup de
lenteur et de retard, mais à Qui, probablement, dans le plus caché de ce qui
nous sert d’âme et d’héritage, nous ressemblons.
La Danseuse Cosmique.
Cette image me transperça une seconde fois. Qui était‑elle ? Où était‑
elle ? Je savais qu’elle serait fragile vers la fin du Temps. Mais de quel
côté du Temps étais‑je ?
Les démons et les merveilles, les nombres et tout ce qui en sortira dans
les sciences, la musique, les massacres, l’harmonie des sphères et les
musiques divines que presque contre leur gré quelques enfants illuminés
imposeront aux humains, les oscillations et les jeux de bibliothèques iri‑
descentes, se renvoyant les unes aux autres comme des miroirs, la chute
à venir de la femme première et la naissance de petits crabes transparents
dans un lac volcanique, tout cela et le reste se résuma progressivement à
très peu de chose. Moi. Et à une absence évidente. À celle du Half Moon
Smile, et à la cascade élégante d’or roux. À Elle, à l’été en novembre. Mes
souvenirs émergeaient avec lenteur.
Quelqu’un, quelque part, avait dû tirer sur un levier ou actionner
une commande, car, en couches progressives, la mémoire me revenait.
Lentement, je me situais dans cet infini d’ombres et de lumières qui joue
les poupées russes et se réduit en étages de temps. Je pris un peu de ce
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