Orphée 2001 - Margelle

‑ Juste une partie de ma science, fit ma Kaline, d’une voix doucement
inquiétante. Mais puisque décidément tu n’aimes pas les hommes, du
moins à ma façon, je vais m’occuper de toi, Tsorne.
J’assistai à l’affrontement.
Ça dépassait largement ma compréhension d’homme et ce fut long. Je
me souviens que Tsorne s’était dépoitraillée largement et qu’Oriane avait
touché les pointes de ses seins, après l’avoir privée de ce bandeau noir, qui
lui servait de soutien gorge. Fidèle à elle‑même Oriane ne portait qu’une
petite robe blanche et des chaussures légères. Elle se laissa partiellement
dénuder par l’Italienne mais maintint ses cuisses serrées. Tsorne, de son
côté, avait changé, elle venait d’entrer en contact avec une énergie incon‑
nue. Ce qu’elle recherchait depuis longtemps, Sirocco, mais au féminin.
Ou peut‑être la Toscane. Je vis la blonde suprême caresser les épaules de la
furieuse et lui communiquer de longs frissons. Oriane, comme les maîtres
en arts martiaux, utilisa ses pieds mais avec douceur. Elle caressa la nuque
de Tsorne d’un pied, l’autre la maintenant plaquée sur la moquette. La
main de l’Italienne cherchait obstinément le sexe d’Oriane, ce fut en vain.
Tsorne essaya la violence. Les gifles qu’elle adressa à Oriane finissaient
en lentes caresses qui troublaient mortellement leur expéditeur. D’un
puissant déhanché elle projeta la blonde virginale au sol mais termina
chevauchée par elle. Oriane était extatique, les yeux immensément dila‑
tés, la respiration trop rapide, sa carnation elle‑même s’était modifiée et
dégageait une sensation de vie triomphante. Sans efforts elle dégrafa la
culotte de cheval, la fit glisser et prit l’intimité de Tsorne en main. Je sus
que cette dernière était totalement trempée. Ma Kaline fit alors quelque
chose d’horrible, elle appliqua à Tsorne un mantra du type de celui que
j’avais subi à Montaigne.
Il s’agissait de cette caresse : comptage circulaire et modulation lente.
Je hurlai de frustration dans mon bâillon, les actrices ne tournèrent
même pas la tête. Oriane utilisa une séquence beaucoup plus fatale que
celle qu’elle m’avait appliquée à Paris. Du type — j’essaie de m’en sou‑
venir — 16, 8, 25, 1, 50,1,14 et 4, répétées soixante fois par sa main très
douce en crescendo diminuendo, ce qui devait faire un lot de plus de sept
mille masturbations lentes et moins lentes, chaque groupe étant séparé par