Orphée 2001 - Margelle

se modifia instantanément, fila à travers un interminable labyrinthe sans
fin de feuilles d’aluminium et se logea dans l’étincelance d’une coque, en
attente dans un vaste hangar. La porte s’ouvrit, la piste usée se déridait !
Je réalisai deux choses, l’une que l’aspect usé de cette piste n’était qu’un
leurre que des machines retiraient rapidement pour laisser apparaître une
impeccable surface grise bétonnée. L’autre que je me trouvais dans le
Raptor lui‑même.
Question séquences, vous admettrez que ces salopards ne perdaient pas
leur temps.
Fort heureusement pour moi, l’EPEMASMI me sauva la vie. Je vous
essplique pas ce que c’est, j’en ai causé dans le précédent bouquin et là je
suis pressé. Mais voyez les notes de fin, ça aide parfois.
Je connaissais par cœur les séquences de mise en route des systèmes de
l’avion, cellule, réacteurs, hydraulique, avionique, écrans furtifs, etc… Je
m’apprêtai, comme tout bon pilote, à suivre une longue séquence de « on/
off, activate/deactivate, booster pump, critical temp »‑etc., quand l’écran
principal de la bête s’alluma. À ma grande surprise, j’y reconnus les traits
de Salomé qui, dans un anglais mâchonné — un américain impeccable
en fait — me délivra ce message à « Pour un décollage rapide et correct,
entrez un cap et une altitude, le reste est entièrement CAT IV ».
Mon cœur bondit. C’était ma divine et première rencontre avec un
CATQUAT — une catégorie quatre — et presque machinalement j’inscri‑
vis sur le petit clavier sis en bas de l’écran « H180/A10K ».
Instantanément, les portes du hangar s’écartèrent et le monstre se rua sur
la piste. Le vif soleil toscan m’éblouit un instant mais le verre « intelli‑
gent » du pare‑brise compensa.
Je pouvais voir ce qui se passait dans la tête du Raptor comme ce qui se
passait au dehors. L’appareil se récitait des checklist à « runway dev. cor‑
recting/prerotation/initial climb/afterburn regulation, best rate of climb,
stealth sys. initiating, etc ». Quant à la Toscane, j’eus à peine le temps
d’admirer une haie de cyprès et sa terre rouge que déjà elle disparaissait
sous une forte brume venue de la mer.
Un silence se fit, les litanies cessèrent de s’égrener et deux mots appa‑
rurent sur l’unique écran du cockpit « Auto/Manual ».
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