Orphée 2001 - Margelle

ence.
‑ Oh, fis‑je l’air innocent, en 1975 ou en 2000 ?
Je lui avais envoyé un coup bas. Qui l’avait oublié ? Les Suisses avaient
initialement offert deux millions de dédommagement aux victimes juives
des nazis. Après vingt‑cinq ans de lutte et de menaces la transaction finale
avait ascendé à 1.25 milliard de dollars en échange du retrait d’une plainte
collective contre les banques et les assurances suisses, si ma mémoire
est bonne, et les versements n’étaient pas prévus avant juillet 2000 — si
Korman ou d’autres bougnoules ne faisaient pas chier avant. Le meilleur
joueur fut un avocat, l’abominable Ed. Fagan, une tête à vous faire gerber,
qui avait osé revendiquer 20‑% de ce pactole.
Je passai discrètement un coup de fil à Zanzelo, histoire de savoir ce
que l’on avait réservé à ce Fagan, là‑bas en bas. « Ah ! commenta‑t‑il, je
le vois, il habite le chant XXIV. C’est un quartier assez déplaisant, attends
une seconde, là… le voici, je te lis le passage à » un serpent s’élança sur
l’avocat et le perça là où le cou s’attache aux épaules. En moins de temps
que l’on n’écrit un O ou un I, le damné s’enflamme et brûle, tombe réduit
en cendres. Mais ces cendres se rapprochent et forment une ombre. On dit
ici qu’un avocat meurt et renaît à chaque centième mensonge qu’il pro‑
nonce, c’est‑à‑dire chaque jour. Je l’entendis rigoler à « conseille‑lui de se
vouer aux bonnes œuvres j’ai personnellement quelques id… »
Mais je coupai. Je ne voulais pas en savoir plus. Manifestement Dante
— malgré cette ressemblance troublante avec Terminator II — avait été
très occupé à régler des comptes avec ses petits copains toscans et n’avait
pu prévoir des pêcheurs de la taille de ces avocats américains. Il faudrait
peut‑être que, a posteriori, nous lui donnions un coup de main ?
De son côté la Bouche d’Ombre tempêtait. Je le laissai aller, j’avais le
temps.
Quand les turbulences financières se furent apaisées et que le nécessaire
fut effectué — des transferts online, quelques centaines de millions qui
transitent sans odeur ni traces, je lui dis ce qu’il voulait savoir à l’iden‑
tité des maîtres du monde. Je lui révélai « qui » étaient les Seigneurs de
la Guerre. Ceux qui actionnaient les ficelles du complot « Marylin ». Il
n’aurait aucun mal à leur mettre la main dessus, ils n’étaient qu’à quelques
mètres de nous.
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