Orphée 2001 - Margelle

Temps sacré dans la main et c’était étrange de voir ce sable, cette lumi‑
nosité, me glisser des doigts selon la logique des deux infinis. Je perdais
mon temps et quelque chose de fluide et d'irisé s’écoulait de mes mains.
‑ Ne joue pas avec les énergies premières, dit une voix féminine. Je ne
connaissais qu’elle mais son IllumiNom resta sur l’autre berge, hors de
ma portée.
Au début ce fut trop difficile à dévisager. Trop de lumière.
Ma sœur Lô était une musique simple et planante, je l’avais toujours
connue. Il suffirait de la suivre, comme une partition, pour être juste, pour
aller à la seule chose importante de cette refonte d’univers, mon rendez‑
vous. Je suivis le cours de cette rivière, caressant un phrasé, me laissant
guider, m’attardant devant un septuor de scintillations, dans les dimen‑
sions réverbérantes du verbe.
Il me fallait reparcourir le chemin d’il y a mille et mille ans. Une chute
vers le probable, le réel ultime, qui sait ? J’entrepris de me raconter, com‑
ment elle avait su le faire, quand elle était encore Kali la douce.
‑ J’ai voulu aller vers le grand Univers et voici que je tiens une nébu‑
leuse spirale dans ma main. Je sais que beaucoup en ont rêvé avant moi,
que certains en ont fait des musiques, des images, des films. Il me faut
maintenant suivre la musique qui me guide, quitter les embrasements
célestes pour m’incarner une fois encore en Bellilule Azartée, c’est ainsi
que se nomme cette planète où je vais me réduire, tout y est écrit.
Elle fit donc le trajet à l’envers, avec des accélérations capricieuses,
tomba comme une démone vers ce vide d’entremonde où une seule
écriture la justifiait, où un seul son l’appelait. Elle mit des soleils entre
parenthèses, se drapa d’un peu du noir de l’espace le réduisant ainsi à
plus d’insignifiance et Bellilule A’zhartéia lui apparut enfin, là‑bas, elle la
voyait, elle aurait du sens.
Je revisitais la chute de l’Ancienne, le chemin qui va de la couronne
de lumière vers cette Terre, je sus que tout ce qui se dit ici n’est que la
variation d’un très ancien chapitre. Comme Elle, à ma manière, je devais
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