Orphée 2001 - Margelle

Marines adventes (Ibiza)
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Parallèle nucléaire
En chemin, au large des côtes d’Espagne et près de l’île d’Ibiza — où
une autre quête, en parallèle, se déroule — elles firent halte. Au bas de
l’une de ces dissonances telluriques non résolues que l’on nomme falaises
et qui sont d’anciens soubresauts de volcans. Elles pensaient y trouver de
bons trous individuels, du genre de ceux qu’elles avaient quitté il y avait
beaucoup de soleils. Il leur faudrait prêter beaucoup d’attention pour ne
pas tomber sur une murène ou tout autre locataire déjà installé et, bien sûr,
affamé. Sur le sable du fond de mer, elles durent contourner deux choses.
Un vieux canon rouillé, son affût cassé en deux. Et un container éventré,
entouré d’une zone d’absence. Il n’y avait ni herbes, ni poissons fourra‑
geurs, ni mollusques. L’Ancienne était sans doute une langouste déviante,
car, accompagnée de sa garde, elle s’en fut examiner de près l’étrange
présence.
Personne n’aurait pu leur expliquer qu’un peuple de surface, assez agité
et brouillon, avait perdu en 1966, dans la collision d’une stratoforteresse
avec un avion ravitailleur, au large de cette côte, près d’un endroit nommé
Las Palomares, deux ogives nucléaires. Ni que leur gouvernement n’en
avait déclaré qu’une, retrouvée quatre‑vingt jours après, par les efforts
de Sandia Laboratories et du Pentagone réunis. Et encore moins qu’elles
allaient, en explorant ce cylindre gris, taché de jaune, se charger d’une
énergie mortelle que la mer n’avait pu recycler comme les épaves ordi‑
naires. Ces forces tourbillonnaires allaient, à terme, les détruire de l’inté‑
rieur.
Si rien n’en organisait l’énergie aveugle en structures tournées vers la
vie.