Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

Dans certains groupes de la société, cela conduisit à une nostalgie de quleques aspects, mais
pas tous, du système soviétique. L’historien Tony Judt citait un couple russe d’un certain âge
disant lors d’une interview :
«Ce que nous voulons, c’est que notre vie soit aussi facile que du temps de l’Union
soviétique, avec la garantie d’un avenir bon et stable, ainsi que de prix bas, et en
même temps, cette liberté qui n’existait pas auparavant ».
Pendant les années 1990, l’économie russe a souffert. La production a chuté, il a fallu
importer de plus en plus et payer en devises, à des prix plus élevés en raison de l’inflation.
Pour obtenir des devises, les Russes devaient exporter du pétrole, du gaz naturel et d’autres
matières premières. A l’étranger, il y avait peu de débouchés pour les produits manufacturés
russes comme les voitures Lada. La crise financière de la fin des années 1990 a encore
aggravé la situation. La Banque mondiale et le FMI ont adopté un ensemble de mesures
d’aide financière en échange de réformes économiques. L’une des réformes demandées était
la suppression des prestations et avantages sociaux et leur remplacement par des versements
en espèces.
Ceux qui soutenaient les réformes, au sein du Gouvernement russe, à la Banque mondiale et
au FMI pensaient qu’elles permettraient de mieux cibler la protection sociale sur ceux qui en
avaient besoin, que cette assistance ciblée serait moins chère que le système actuel, que le
système dans son ensemble serait plus transparent et vérifiable.
Ils faisaient les reproches suivants à l’ancien système :
• Les prestations étaient accordées sans prendre en considération les besoins. Par exemple,
plus un ménage était aisé plus l’allocation logement qu’il percevait était élevée. L’Institut
indépendant de politique sociale de Moscou estimait que les 10% les plus aisés de la
population recevaient 20% du total des prestations alors que les 10% les plus pauvres
n’en recevaient que 4%.
• On ne savait combien de personnes faisaient effectivement usage de leurs prestations et
avantages. Ainsi, il n’existait aucun moyen de vérifier combien de retraités utilisaient
effectivement les transports publics et combien de voyages ils effectuaient
quotidiennement. Les services et sociétés de transports faisaient des estimations du coût
financier de la gratuité pour les bénéficiaires, sans connaître véritablement ce coût,
ensuite les autorités régionales devaient décider si ces estimations paraissaient
raisonnables et réalistes.
• Etant donné l’état dans lequel se trouvait l’économie russe après la transition, la Banque
mondiale et le FMI pensaient que le gouvernement russe ne pouvait pas se permettre de
maintenir les prestations sociales au niveau fixé au début des années 1990, tout en
apportant les changements nécessaires pour stimuler la croissance économique.
Néanmoins, certains s’opposaient aux réformes. Même au sein du Gouvernement, certains
craignaient que les réformes ne conduisent au même type de mouvement populaire que celui
qui avait conduit à la Révolution orange en Ukraine. D’autres pensaient que le coût du
remplacement des avantages en nature par des versements en espèces serait trop élevé. Ils
avaient également des doutes quant à l’aptitude des administrations fédérales, régionales et
locales, à distribuer efficacement ces nouvelles prestations. Ces opposants croyaient qu’avec
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