Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

Un journaliste basé aux Etats-Unis, Christopher Hitchens, de tendance plutôt libertaire
de droite, a réagi de la façon suivante à la déclaration du Département d’Etat :
« Quel malheur pour le pays du Premier amendement [qui protège la liberté d’expression et
la liberté de la presse] d’être représenté par cette administration. »
Le Ministre des affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, a exprimé le point
de vue selon lequel :
C’est vrai, la liberté d’expression confère des droits, mais elle impose aussi un devoir de
responsabilité à ceux qui s’expriment.
Lors d’un rassemblement à Londres le 25 mars 2006, Mariam Namazie, une militante
des droits de l’homme iranienne qui vit maintenant en Grande Bretagne, a expliqué
pourquoi elle s’opposait aux appels à prendre des mesures contre ceux qui avaient
publié les caricatures :
«Qualifier de sacrées certaines expressions et paroles ne constitue qu’un outil de suppression
de la société. Dire que la parole et l’expression offensent constitue une tentative de les limiter.
Evidemment, ce qui est tenu pour le plus sacré et considéré comme le plus offensant, surtout
dans le nouvel ordre mondial, c’est la critique et la dérision de la religion, ainsi que de ses
représentants sur terre. Pourquoi le faire si cela offense ? Parce qu’il le faut. Parce que la
dérision est une forme de critique, une forme de résistance, une forme sérieuse d’opposition à
la réaction… …Il faut les critiquer et les ridiculiser car c’est ainsi que, tout au long de
l’histoire, la société a réussi à avancer et à progresser. »
Cependant, l’auteur d’une biographie du Prophète Mahomet, Karen Armstrong, a
présenté une vision différente du processus de modernisation :
«Chacune des parties doit respecter le point de vue de l’autre. Je pense qu’il était criminel et
irresponsable de publier ces caricatures. Cela a été une aubaine pour les extrémistes, en
montrant l’islamophobie incurable de l’Occident… …d’un autre côté, dans une Europe
laïque, la liberté d’expression est devenue une valeur sacrée. Nous avons combattu durement
pour l’obtenir, mais nous ne devons pas oublier qu’elle implique des responsabilités. Ainsi,
avons-nous le droit de dire tout de que nous voulons, même si c’est faux et dangereux ? Nous
assistons à une confrontation entre deux notions différentes du sacré qui fait partie intégrante
du processus de modernisation. »
Qu’en pensez vous ?
Si vous aviez été rédacteur en chef d’un journal européen, auriez-vous publié les
caricatures de Mahomet ou auriez-vous considéré que cela était irresponsable ?
Avons-nous une obligation de réfléchir à la façon dont nos opinions pourraient
offenser quelqu’un d’autre avant de les exprimer en public ou est-il plus important
que les gens puissent dire ce qu’ils pensent, quelle que soit l’offense que cela cause et
les conséquences possibles ?
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