Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

De plus, tout site Internet qui connaît l’identité d’un individu et qui a créé un «cookie » le
concernant pourrait alors échanger ces données avec d’autres organismes propriétaires de
sites Internet et synchroniser ses cookies avec les leurs. Ce genre de situation peut sembler
relever de la paranoïa, mais ces techniques sont d’ores et déjà utilisées dans une certaine
mesure aux États-Unis, dans le cadre des élections à la présidence, au Sénat et au Congrès, où
les consultants des campagnes politiques établissent ainsi le profil des électeurs afin que les
candidats puissent cibler leur campagne sur les personnes susceptibles de les approuver et ne
pas gaspiller des ressources limitées à tenter de convaincre celles dont il n’est guère probable
qu’elle voteraient pour eux.
Par ailleurs, les partisans de la démocratie en ligne font ressortir que, dans une démocratie
politique ouverte, des pratiques de cette nature ne sauraient demeurer secrètes bien longtemps.
Pour étayer leur point de vue, ils soulignent le tollé général soulevé aux Etats-Unis en 1999
lorsque le réseau publicitaire Internet, DoubleClick, a proposé de fusionner avec Abacus
Direct, une entreprise de marketing direct hors-ligne, qui disposait d’une vaste base de
données contenant des numéros de cartes de crédit, des déclarations de revenus, des dossiers
relatifs à des emprunts immobiliers, etc. En fin de compte, les objections publiques ont été si
véhémentes et générales que DoubleClick a renoncé à cette transaction.
Il est bien entendu possible d’introduire des sauvegardes juridiques et électroniques en vue de
protéger la vie privée de tout citoyen qui décide de s’engager activement dans la vie politique
sur Internet. Toutefois, il n’est pas inutile de rappeler l’importance de la protection de la vie
privée individuelle dans le processus politique démocratique moderne. Cette question de la
vie privée ne s’est jamais posée dans la Grèce Antique ou à Rome. Les intérêts privés
n’étaient pas censés avoir quelque place que ce soit dans la sphère politique publique. Les
origines latines de l’adjectif «privé » sont claires : qui dit «privé » dit «retiré de la vie
publique ».
Bien entendu, dans la pratique, comme quiconque ayant lu une histoire de la vie quotidienne
dans l’Athènes classique ou à Rome le saura, la distinction entre intérêt privé et vie publique
n’a jamais été aussi claire. Cependant, lorsqu’on en arrive aux temps modernes, avec la
connaissance de ce que peut être la vie dans un régime totalitaire, on reconnaît que la
protection de la vie privée garantit la liberté de s’engager en politique sans craindre d’être
contraint par la menace d’appuyer telle ou telle position. Dans ces conditions, la question
importante à laquelle tout partisan de la démocratie directe, électronique ou autre, doit
toujours répondre est celle des garanties qu’il faut mettre en place pour protéger la vie privée
de chacun.
Une diversité de points de vue
Déclaration publiée par Google en janvier 2006 :
«Si le fait de censurer les résultats des recherches est contraire à la mission de Google, le fait
de ne fournir aucune information (ou des conditions de consultation fortement dégradées qui
reviennent à une absence d’information) est encore plus contraire à notre mission ».
Sergey Brin, fondateur de Google, interrogé sur la question de savoir si Google a accepté
les règles de censure édictées par les autorités chinoises, a répondu :
«Non, et la Chine n’a jamais rien exigé de la sorte. Toutefois, d’autres moteurs de recherche
ont ouvert des bureaux là-bas et, en contrepartie, n’offrent que des informations très limitées.
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