Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

de privilégiés qui avaient exploité indûment les Musulmans d’Algérie, jusqu’à ce que ceux-ci
soient obligés de les chasser, soit comme des Français de deuxième catégorie qui, à peine
arrivés dans le pays, réclamaient des postes et positions sociales comparables, si ce n’est
supérieurs, à ceux de la population française.
Il n’est donc pas surprenant que les Français d’Algérie se soient efforcés, grâce à leur vie
culturelle, de préserver leur mémoire individuelle et collective. Dans le Sud de la France et
dans la région parisienne, où la plupart d’entre eux s’étaient installés, ils organisèrent de
nombreux festivals et autres manifestations du même type. On peut citer, par exemple, la
rencontre annuelle de Nîmes, où la Vierge de Santa Cruz, ramenée d’Oran en 1962, attire de
nombreux rapatriés, regroupés par villes, quartiers et villages d’Algérie. Ce groupe s’identifie
également à certaines figures emblématiques de la culture populaire: le chanteur Enrico
Macias, les acteurs Roger Hanin, Robert Castel, Guy Bedos et Marthe Villalonga, le
réalisateur Alexandre Arcady, etc..
Un certain nombre d’écrivains perpétuent la mémoire d’une minorité qui cherche en
permanence à redécouvrir son identité et son lien avec un pays perdu. Albert Camus, mort en
1960, est une figure, certes lointaine, mais symbolique de cette période. Marie Cardinal a
contribué a garder vivante la mémoire, commune et intense, des jours heureux des Pieds-noirs
entre 1914 et 1962, alors qu’André Chouraqui a beaucoup fait pour préserver la mémoire des
Juifs d’Algérie, un groupe bien distinct au sein de la communauté pied-noir .
La lente reconstruction d’une histoire suspendue dans le temps et la mémoire
réconciliée
De plus en plus de familles pied-noir se sont rendues en Algérie, accompagnées de la
deuxième et de la troisième génération, pour lesquelles l’Algérie est un pays complètement
étranger mais dont la mémoire est évoquée constamment. Rien ne distingue plus ces familles
du reste de la population de France métropolitaine, cependant, les réunions de famille et une
mémoire collective, passée de génération en génération, ont maintenu intact le désir du retour
chez les plus âgés et un désir partagé de réaliser leur histoire familiale chez les jeunes qui
n’ont jamais connu le pays de leurs ancêtres. Maintenant que les relations entre la France et
l’Algérie se sont un peu normalisées, même si elles restent troublées, ces voyages dans le
passé se multiplient. Ils permettent à un groupe de Français qui ne s’est jamais remis de son
histoire de sceller une forme de réconciliation avec sa mémoire collective.
Ces réunions constituent des occasions de fraternisation véritable entre les deux bords de la
Méditerranée. Elles permettent aux Pieds-noirs de tourner enfin la page et de se réconcilier
avec ce passé révolu et à jamais perdu. Elles donnent aux Algériens la possibilité de faire
revivre une mémoire individuelle et collective que l’histoire officielle, trop longtemps
imprégnée d’idéologie et guidée par des motivations particulière, à cherché a ignorer ou à
déformer, en traitant tous les Français d’Algérie de tyrans absolus et tous les Pieds-noirs
d’exploiteurs colonialistes, doublés de racistes avoués.
Les Allemands de Pologne – l’exemple de la Silésie
Jacek Wòdz
La Silésie est une région très particulière. D’un côté, elle est tout à fait «caractéristique et
représentative » de l’Europe, de l’autre, elle constitue un patchwork de nationalités et
d’ethnies, résultat de son histoire, surtout aux 19 e et 20 e siècles. A cette époque, une partie
importante de l’Europe était partagée entre trois empires : allemand, russe et austro-hongrois.
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