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Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

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les <strong>pour</strong>suites év<strong>en</strong>tuelles à <strong>en</strong>gager contre les informateurs de l’époque.<br />

Ce g<strong>en</strong>re de questions se pose après <strong>la</strong> chute de tout régime qui n’a eu de cesse de violer les<br />

droits de ses citoy<strong>en</strong>s. Après 1945, <strong>la</strong> question de savoir ce qu’il fal<strong>la</strong>it faire <strong>en</strong> Allemagne et<br />

<strong>en</strong> Italie n’a pas vraim<strong>en</strong>t suscité de polémique. Les décisions ont été prises par les puissances<br />

d’occupation, même si les limogeages <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>s nazis et fascistes <strong>en</strong>core <strong>en</strong> poste ont varié<br />

<strong>en</strong> fonction de l’occupant. Les procédures appliquées aux col<strong>la</strong>borateurs <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>s régimes<br />

étai<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les mêmes dans <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> pays qui avai<strong>en</strong>t été occupés par les<br />

puissances de l’Axe. Ironie de l’histoire : dans certains pays ex-communistes, <strong>la</strong> décision de<br />

remettre les listes <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs de <strong>la</strong> gestapo à <strong>la</strong> nouvelle police secrète a conféré à<br />

cette dernière un pouvoir considérable dans les années 1940-1950.<br />

Le même problème s’est posé au Portugal et <strong>en</strong> Espagne après <strong>la</strong> chute de Sa<strong>la</strong>zar et de<br />

Franco. Puis une nouvelle fois après <strong>la</strong> légalisation <strong>des</strong> formations d’opposition jusque-là<br />

interdites <strong>en</strong> Afrique du Sud, lorsque <strong>la</strong> coalition ANC/IFP (Congrès national africain/Inkatha<br />

Freedom Party) s’est alliée au gouvernem<strong>en</strong>t b<strong>la</strong>nc, dominé par les Afrikaners, <strong>pour</strong> instaurer<br />

une nouvelle constitution démocratique multiraciale.<br />

Dans l’histoire contemporaine de l’<strong>Europe</strong>, on rec<strong>en</strong>se six moy<strong>en</strong>s différ<strong>en</strong>ts de résoudre le<br />

problème, et dans certains cas, les premiers gouvernem<strong>en</strong>ts, après une transition<br />

démocratique, <strong>en</strong> ont combiné deux ou plus, selon l’ampleur du problème. Le premier est <strong>la</strong><br />

«terreur », caractérisée par <strong>des</strong> vagues d’arrestations, d’exécutions et d’emprisonnem<strong>en</strong>ts<br />

sans jugem<strong>en</strong>t, ou l’exil. La Terreur évoque généralem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> Révolution française, mais elle a<br />

été appliquée de façon tout aussi impitoyable par les bolcheviks, à <strong>la</strong> fois contre les<br />

antirévolutionnaires après <strong>la</strong> guerre civile russe et plus tard contre ceux qu’ils soupçonnai<strong>en</strong>t<br />

d’être opposés à <strong>la</strong> modernisation, même s’ils étai<strong>en</strong>t au Parti communiste.<br />

Les <strong>pour</strong>suites pénales sont une autre option. Les condamnations al<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t de l’exécution pure<br />

et simple ou de longues peines d’emprisonnem<strong>en</strong>t <strong>pour</strong> les délits les plus graves, à <strong>la</strong> privation<br />

<strong>des</strong> bi<strong>en</strong>s <strong>pour</strong> les pr<strong>of</strong>iteurs ou le limogeage <strong>pour</strong> les petits fonctionnaires.<br />

La troisième option – amnistie inconditionnelle de tous ceux qui occupai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> postes de<br />

pouvoir sous Franco, qui avai<strong>en</strong>t col<strong>la</strong>boré <strong>pour</strong> leur propre pr<strong>of</strong>it ou qui avai<strong>en</strong>t été <strong>des</strong><br />

informateurs – a rarem<strong>en</strong>t été appliquée mais ce fut celle choisie par l’Espagne d’après<br />

Franco. A l’époque, elle fut <strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t décrite comme l’option «de l’amnistie et de<br />

l’amnésie ». Si elle a été possible, c’est uniquem<strong>en</strong>t parce que le dernier gouvernem<strong>en</strong>t<br />

franquiste a joué un rôle actif dans les négociations <strong>pour</strong> une transition démocratique.<br />

La quatrième option – <strong>la</strong> création d’une Commission de <strong>la</strong> vérité et de <strong>la</strong> réconciliation – est<br />

celle ret<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> Afrique du Sud par l’ANC, qui est arrivé au pouvoir à l’issue d’élections<br />

démocratiques. L’archevêque Desmond Tutu et le présid<strong>en</strong>t Mande<strong>la</strong> ont tout fait <strong>pour</strong><br />

convaincre l’opinion publique de choisir cette option plutôt que les représailles à l’<strong>en</strong>contre<br />

<strong>des</strong> oppresseurs et de leurs col<strong>la</strong>borateurs d’hier. Le but était de faire v<strong>en</strong>ir les victimes et<br />

leurs bourreaux devant <strong>la</strong> Commission <strong>pour</strong> les am<strong>en</strong>er à parler de ce qui s’était passé et à se<br />

réconcilier.<br />

La cinquième solution est celle choisie par <strong>la</strong> Grèce lors de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation de <strong>la</strong> république.<br />

Les dossiers ont été sortis <strong>des</strong> archives et brûlés sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce publique, de sorte que personne<br />

ne puisse s’<strong>en</strong> servir (m<strong>en</strong>aces, pressions, chantage) contre quiconque.<br />

La dernière option est celle qui a été <strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t utilisée <strong>en</strong> <strong>Europe</strong> c<strong>en</strong>trale et ori<strong>en</strong>tale<br />

(PECO) depuis l’effondrem<strong>en</strong>t du communisme : il s’agit <strong>des</strong> lois dites de «lustration», qui<br />

consiste à vérifier les antécéd<strong>en</strong>ts d’une personne. Le mot est dérivé du <strong>la</strong>tin lustratio, qui<br />

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