Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

CONCLUSION
La plupart d’entre nous vivent aujourd’hui dans des sociétés qui se caractérisent de plus en
plus par leur diversité culturelle et ethnique. Cela est en partie dû à l’élargissement de l’Union
européenne depuis 1989 permettant aux populations de s’établir dans n’importe quel pays
européen pour y travailler ou s’y se former. Cette diversité a cependant également des raisons
historiques: les liens permanents entre certains pays d’Europe occidentale et leurs anciennes
colonies, le désir de certaines minorités autochtones linguistiques et culturelles de préserver
leurs langues et leurs traditions et l’apparition de minorités ethniques et nationales dans
certains pays à la suite de l’éclatement des anciens empires européens après la première
guerre mondiale, du nouveau tracé de certaines frontières nationales après la deuxième guerre
mondiale et des changements qui se sont produits après l’éclatement de l’Union soviétique et
de l’ex-République fédérale de Yougoslavie dans les années 1990.
Ces changements sont relativement récents mais ils s’inscrivent dans un processus historique
d’emprunt et d’assimilation culturels beaucoup plus ancien, amplifié par les échanges
commerciaux, les guerres, les invasions et la colonisation. Ce processus a contribué à la
richesse de la diversité culturelle qui caractérise l’Europe d’aujourd’hui.
Depuis quelques années, le risque de voir cette diversité culturelle et ethnique accrue
fragiliser la cohésion des sociétés dans lesquelles nous vivons suscite de plus en plus
d’inquiétudes. En d’autres termes, certaines minorités ne sembleraient pas avoir le sentiment
d’appartenir à la société dans son ensemble, ne seraient pas appréciées ou estimées et seraient
consciemment exclues de la société ordinaire ou s’en excluraient. Cette instabilité culturelle
créerait, au sein des communautés multiculturelles, des tensions sociales pouvant être sources
de violence et troubler l’ordre public.
Pour les rédacteurs du présent ouvrage, la diversité proprement dite ne menace pas la
cohésion sociale. La menace tient à la manière dont nous réagissons à la diversité, dont nous
traitons les personnes qui ne nous ressemblent pas, que «nous » représentions la majorité ou
une minorité. Comme le précise F. Peter WAGNER, les problèmes ont tendance à survenir
dans deux grandes catégories de situations 17 . La première est celle dans laquelle un groupe se
réclame de certaines pratiques, convictions ou valeurs inacceptables pour d’autres groupes de
la communauté. Les questions relatives à ce conflit de valeurs sont imprévisibles et sources de
divisions si l’on tente de limiter soit le droit d’un groupe de propager et de défendre ses
convictions et ses valeurs, soit le droit d’autres groupes de s’opposer publiquement aux
mêmes convictions et aux mêmes valeurs.
Dans l’autre hypothèse, les pratiques, convictions ou valeurs culturelles d’un groupe
déterminé (souvent une minorité), semblent aller à l’encontre de celles d’autres groupes
(souvent la majorité), à un point tel que cela met en cause l’intégration et la participation du
groupe dans la société et que la minorité s’exclut pour ainsi dire et choisit de ne pas participer
à la société.
Lorsque le Pacte international relatif aux droits civils et politiques a été ratifié, un certain
nombre d’Etats membres de l’ONU se sont déclarés préoccupés par l’article 27 qui énonce le
droit des minorités «d’avoir en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre
17 F. Peter WAGNER, «Définir les termes citoyenneté, valeurs communes et fondements culturels de la
citoyenneté, DGIV/CULT/ID(2005)10 Annexe 2. »
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