Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

Jaafari, dirigeant du premier parti, l’Alliance iraqienne unifiée, est nommé premier ministre,
et Jalal Talabani, de l’Union patriotique du Kurdistan, président.
Août 2005 : Un projet de Constitution est approuvé par les négociateurs chiites et kurdes,
mais rejeté par les représentants sunnites.
Octobre 2005 : Lors d’un référendum, 79 % des électeurs approuvent la nouvelle
Constitution en vue de la création d’une démocratie fédérale islamique, bien que nombre de
Sunnites se soient abstenus ou aient voté contre.
15 décembre 2005 : Les Iraqiens votent pour leur premier gouvernement et parlement depuis
l’invasion de leur pays par les forces de la Coalition. L’Alliance iraqienne unifiée, conduite
par des Chiites, apparaît comme étant le plus grand parti au sein de la nouvelle Assemblée,
mais il ne détient pas de majorité. Un gouvernement de coalition est constitué.
30 décembre 2006 : Au terme d’un procès de douze mois, Saddam Hussein est reconnu
coupable de crimes contre l’humanité et exécuté.
Janvier 2007 : Le président Bush annonce une nouvelle stratégie pour l’Iraq et envoie des
soldats en renfort pour améliorer la sécurité. Un rapport de l’ONU indique que plus de 34 000
civils iraqiens ont été tués au cours de violences en 2006.
Quel était ici l’enjeu ?
Un certain nombre de points des plus polémiques entourent les événements survenus en Iraq,
et notamment la décision prise par la Coalition conduite par les États-Unis d’envahir l’Iraq en
2003. Toutefois, la question qui nous occupe ici concerne l’intention affichée par le
gouvernement des Etats-Unis d’introduire en Iraq une Constitution, des institutions et des
processus démocratiques, et ce dans les meilleurs délais. Le 27 février 2003, le président
George W. Bush déclare : «Tous les Iraqiens doivent avoir voix au chapitre dans la
nomination du nouveau gouvernement, et les droits de tous les citoyens doivent être
protégés ».
Mais, est-il réaliste de croire ou de supposer que l’on peut, en partant de zéro, introduire une
démocratie libérale dotée d’institutions parlementaires véritablement représentatives et de
réels mécanismes de protection des droits de l’homme dans un pays profondément divisé sur
le plan ethnique et religieux, où la loi et l’ordre n’ont pas encore été rétablis dans toutes les
régions après un conflit dévastateur, et où les insurgés continuent de massacrer forces de
sécurité et simples civils ?
Les détracteurs font valoir que la démocratie libérale ne peut naître dans un pays que lorsque
les conditions propices sont réunies. Deux universitaires spécialistes de l’histoire et de la
politique de l’Iraq citent à ce sujet Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance
des Etats-Unis d’Amérique et troisième président du pays, qui déclara un jour : «La
démocratie doit pouvoir s’enraciner si l’on veut qu’elle pousse ». Ces mêmes spécialistes
poursuivent en constatant que «rares sont les plantes, et encore moins la démocratie, qui
poussent de haut en bas». [W. Polk & J. Lund, Understanding Iraq, 2006, p.197].
D’autres ont repris ce même thème et fait valoir que les traditions anglo-saxonnes et
européennes de la démocratie sont apparues dans des pays où le peuple avait tenté d’abolir ou
de limiter les pouvoirs de dirigeants exerçant sur lui un pouvoir absolu, au lieu de chercher le
165