Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

Une diversité de points de vue
Vaclav Havel, auteur et premier Président de la République tchèque, était favorable au
processus de lustration :
«… notre société a grand besoin d’affronter son passé, de se défaire de ceux qui ont terrorisé
la nation et ont manifestement violé les droits de l’homme, et de les révoquer des postes qu’ils
occupent encore. »
Mais on rapporte qu’il aurait dit plus tard :
«Je crois qu’il serait dangereux de révéler les noms de tous ceux qui ont eu un lien
quelconque avec la police – peu importe quand et pourquoi. C’est une bombe qui peut nous
exploser à la figure à tout moment et contaminer une nouvelle fois le climat social, inciter au
fanatisme, à des actes malveillants, à l’illégalité et à l’injustice… Nous devons être capables
d’affronter notre passé, de le nommer, d’en tirer des conclusions et de rendre la justice ; mais
nous devons le faire avec honnêteté, considération, tact, générosité et imagination. Ceux qui
reconnaissent leur culpabilité et se repentent devraient être pardonnés.»
L’écrivain espagnol Jorge Semprun a écrit pourquoi les Espagnols ont été si nombreux à
préférer oublier le passé dans la périoded’après Franco :
«Si l’on veut vivre normalement, il faut oublier. Sinon les fantômes du passé risquent
d’empoisonner la vie publique pendant des années. »
Cité dans Adam Michnik & Vlaclav Havel, Confronting the Past, 1993
Un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur tchèque a expliqué ce que son service
pensait des vérifications :
«Je crois que ceux qui ont sciemment collaboré, même s’ils n’ont rien fait de mal, même s’ils
n’étaient que des pions, devraient être révoqués... Nous procédons à une sorte de nettoyage
moral, pour débarrasser la société de ceux qui se sont eux-mêmes compromis. Et l’un de nos
critères est que les gens n’auraient pas dû collaborer avec la StB, la Sécurité d’Etat, en
connaissance de cause – c’est aussi simple que cela. » (Lawrence Weschler, The Velvet Purge
(1992))
Position présentée au Sénat polonais:
«La révocation des anciens agents et collaborateurs des services de sécurité nommés à de
hautes fonctions d’Etat, associée à la promulgation de mesures légales pour les empêcher
d’assumer de telles fonctions à l’avenir, répond à un besoin fondamental de justice et est une
condition essentielle pour que la démocratie se développe sans risque en Pologne.»(Charles
Bertshci, East European Quarterly, XXVIII (1995).
L’historien britannique Timothy Garton Ash, spécialiste de l’histoire moderne des pays
d’Europe centrale et orientale, a commenté en ces termes les lois de lustration :
«Après 1989, les leaders de l’après Solidarnosc, issus (grosso modo) de la gauche libérale,
ont émis plusieurs arguments contre une reconnaissance publique du passé communiste et les
lois de lustration. Au départ, ils ont formé un gouvernement de coalition avec des
communistes qui venaient de céder pacifiquement le pouvoir, et l’Armée rouge était encore
là. Il y avait des choses plus urgentes à faire : bâtir l’économie de marché, la démocratie
libérale et l’Etat de droit. Au-delà de cela, certains d’entre eux, dont Adam Michnik, militant
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