Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

souvent préoccupés par l’allégeance et la loyauté de certaines minorités, surtout si elles
appartiennent à une nationalité qui constitue la majorité dans un Etat voisin. Cette
préoccupation a souvent nourri des attitudes nationalistes et xénophobes en périodes de crise
économique ou politique et de tensions avec les Etats voisins.
Trois mini-études de cas, présentées ci-après, illustrent un certains nombres de problèmes liés
aux minorités. Ils montrent notamment le processus de «formation d’une minorité». La
première présente l’exemple des «Pieds noirs » en France (les colons blancs d’origine
française rapatriés après l’indépendance de l’Algérie). La deuxième montre le cas des
Allemands restés en Silésie occidentale, devenue polonaise après la Deuxième guerre
mondiale, alors que des millions d’Allemands d’Europe centrale et orientale étaient rapatriés
de force en Allemagne ou fuyaient devant l’Armée rouge. Aujourd’hui, pour l’auteur, ces
Allemands restés en Silésie apparaissent comme «une composante naturelle de la
population ».
La dernière étude de cas concerne la Bosnie-Herzégovine (BiH), dont la population est
composée de trois grands groupes nationaux, dont aucun n’est majoritaire, et d’autres petites
minorités, comme les Roms et les Juifs. Dans les années 90, la dislocation de l’ex-
Yougoslavie et l’intervention des Etats voisins ont provoqué un conflit, puis une guerre civile.
Après l’intervention de la communauté internationale, les hostilités finirent par cesser,
l’Accord de paix de Dayton, signé à Paris en 1995, amena une force internationale de
maintien de la paix et établit le Bureau du Haut représentant, chargé de surveiller la mise en
œuvre des aspect civils de l’accord de Dayton.
Après ces minis études de cas, nous avons prévu une activité assez différente, pour nourrir le
débat sur les problèmes qui surgissent dans les pays où des tensions apparaissent entre les
différents groupes ethniques ou nationalités. Bien que le pays imaginaire pris en exemple,
appelé « Ubie », ait une population composée de trois grandes minorités et pas de majorité, il
ne s’agit pas de la Bosnie-Herzégovine. D’une part, les populations minoritaires de BiH sont
beaucoup plus dispersées géographiquement que celles d’Ubie. D’autre part, l’Ubie a aussi
des caractéristiques communes avec de nombreux autres endroits dans le monde : La BiH,
Chypre, le Liban, le Kosovo, le Haut-Karabakh, l’Irlande du Nord, le Rwanda, etc. Cette
démarche est conçue pour inciter à réfléchir aux problèmes rencontrés quand on essaye de
créer les conditions d’une coexistence harmonieuse et d’une coopération dans ce genre de
situation.
Les « Pieds noirs » en France
Jean Petaux
L’expression « Pieds-noirs » désigne de façon très générale la population française établie en
Algérie et rapatriée en France juste après la proclamation de l’indépendance, le 3 juillet 1962.
Au début, il s’agissait d’un terme péjoratif, mais il a vite été adopté par les Français
d’Algérie, car il leur permettait de rétablir une identité spécifique, distincte de celles des
Algériens établis en France comme travailleurs immigrés ou comme « Harkis » (Algériens
qui avaient combattu aux côtés de l’armée française contre les indépendantistes du FLN), et
des Français métropolitains.
Une société de castes jusqu’en 1962
Les chiffres dont disposent les historiens sur cette population française d’Algérie avant
l’indépendance en 1962 (qui mit fin à la seule véritable colonie de peuplement de la France
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