Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe
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Février 2004 : En France, une loi, interdisant le port de « symboles religieux ost<strong>en</strong>sibles» à<br />
l’école, est adoptée par 494 voix contre 36.<br />
Juin 2006 : La Confér<strong>en</strong>ce ministérielle europé<strong>en</strong>ne sur l’égalité <strong>en</strong>tre les femmes et les<br />
hommes se ti<strong>en</strong>t à Stockholm. Le principal thème est « Droits de <strong>la</strong> personne humaine et<br />
défis économiques <strong>en</strong> <strong>Europe</strong> – l'égalité <strong>en</strong>tre les femmes et les hommes ». La<br />
confér<strong>en</strong>ce met l’acc<strong>en</strong>t sur l’égalité <strong>des</strong> chances <strong>en</strong> matière d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.<br />
Quel est ici l’<strong>en</strong>jeu ?<br />
Le débat sur le droit <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> filles à l’égalité dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t comporte deux<br />
volets principaux. Le premier concerne <strong>la</strong> question de savoir si les femmes doiv<strong>en</strong>t avoir<br />
accès à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, le deuxième de savoir si cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t doit être id<strong>en</strong>tique à celui<br />
disp<strong>en</strong>sé aux hommes et aux garçons ou bi<strong>en</strong> permettre <strong>des</strong> approches différ<strong>en</strong>tes, basées sur<br />
les différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les sexes. Par ailleurs, il y a <strong>la</strong> question <strong>des</strong> traditions culturelles et<br />
religieuses : L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t public doit-il être le même <strong>pour</strong> tous, ou bi<strong>en</strong> refléter les<br />
préfér<strong>en</strong>ces religieuses et culturelles? De plus, <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation doit-elle relever du choix <strong>des</strong><br />
<strong>en</strong>fants et <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts ou bi<strong>en</strong> être imposée par <strong>la</strong> loi ?<br />
Dans les sociétés occid<strong>en</strong>tales, <strong>la</strong> première bataille importante, <strong>pour</strong> le principe d’égalité <strong>des</strong><br />
droits à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>pour</strong> les femmes et les filles, a déjà été gagnée. Presque plus personne<br />
ne s’oppose à cette idée. La plupart <strong>des</strong> écoles sont mixtes, les écoles de garçons ou de filles<br />
sont dev<strong>en</strong>ues <strong>des</strong> exceptions. Ces dernières années, on s’est surtout intéressé aux droits à<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> filles dans les pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t.<br />
La question de savoir ce qu’il faudrait <strong>en</strong>seigner aux femmes et aux filles s’est avérée plus<br />
difficile à résoudre que celle du principe même de leur disp<strong>en</strong>ser un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.<br />
Traditionnellem<strong>en</strong>t, certaines parties du cursus sco<strong>la</strong>ire étai<strong>en</strong>t considérées comme très<br />
spécifiques à un sexe ou à l’autre (<strong>la</strong> cuisine et les travaux domestiques <strong>pour</strong> les filles,<br />
l’ingénierie et les travaux manuels <strong>pour</strong> les garçons, etc.). Ces attitu<strong>des</strong> influ<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t<br />
égalem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> formation pr<strong>of</strong>essionnelle (le métier d’infirmière et les autres pr<strong>of</strong>essions de<br />
soins <strong>pour</strong> les filles, l’appr<strong>en</strong>tissage industriel <strong>pour</strong> les garçons). Ces dernières années, de<br />
nombreuses initiatives ont été <strong>la</strong>ncées, <strong>pour</strong> changer cette façon de voir et surmonter les<br />
stéréotypes « sexistes ».<br />
La question de l’obligation de sco<strong>la</strong>risation prête à controverse. Certains par<strong>en</strong>ts réc<strong>la</strong>m<strong>en</strong>t le<br />
droit d’éduquer leurs <strong>en</strong>fants à <strong>la</strong> maison. Certains <strong>en</strong>fants souhait<strong>en</strong>t que leurs <strong>en</strong>fants ne<br />
suiv<strong>en</strong>t pas certains cours à l’école (par exemple l’éducation sexuelle, ou <strong>en</strong>core l’éducation<br />
physique et les jeux <strong>en</strong> équipe, ou les cours touchant à <strong>des</strong> questions comme le<br />
«créationnisme » et <strong>la</strong> sci<strong>en</strong>ce). La question de savoir «qui décide » si l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t est un<br />
droit ou bi<strong>en</strong> une obligation, imposée par <strong>la</strong> loi, n’a pas <strong>en</strong>core été tranchée.<br />
Les efforts <strong>pour</strong> promouvoir le multiculturalisme constitu<strong>en</strong>t peut-être le plus grand défi au<br />
principe d’égalité <strong>pour</strong> tous dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. En France, par exemple, tous les élèves<br />
suivai<strong>en</strong>t le même <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>la</strong>ïc, quelle que soit leur origine culturelle, religieuse ou<br />
ethnique. Cette idée a été remise <strong>en</strong> cause <strong>en</strong> raison, notamm<strong>en</strong>t, d’appels à <strong>la</strong> tolérance<br />
religieuse. On a objecté que «l’égalité et l’uniformité » conduisai<strong>en</strong>t à défavoriser les<br />
minorités. L’exemple le plus controversé était <strong>la</strong> question du port de symboles religieux à<br />
l’école (croix catholiques, turbans sikhs et formes <strong>des</strong> robes portées à l’école par les femmes<br />
et filles musulmanes).<br />
A partir de 1989, <strong>la</strong> question de savoir si les filles musulmanes avai<strong>en</strong>t le droit de porter un<br />
fou<strong>la</strong>rd ( hidjab) à l’école a suscité une vive controverse. De nombreuses filles ont été exclues<br />
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