Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

qui considérait les caricatures comme une incitation inacceptable à la haine raciale. D’autres
ne critiquaient pas aussi ouvertement le Jyllands-Posten et considéraient plutôt que la liberté
de la presse était un droit important mais qu’il devait être exercée de façon responsable et ils
pensaient que, en l’occurrence, les journaux qui avaient publié les caricatures en avaient fait
un usage irresponsable. Ces déclarations suscitèrent, à leur tour, les critiques de certains
observateurs, selon lesquels les gouvernements occidentaux ne faisaient pas assez pour
défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse. Il est intéressant de remarquer que
certains groupes chrétiens, de plus en plus préoccupés par le déclin des valeurs chrétiennes en
Occident et par des pièces de théâtre, films et publications qu’ils considèrent comme
blasphématoires, se montrèrent réceptifs envers les plaintes des groupes musulmans.
Au même moment, des dissensions apparaissaient entre les musulmans libéraux, dont
beaucoup vivent en Europe, et ceux qui avaient adopté une position plus traditionnelle et
fondamentaliste. A Londres, par exemple, en mars 2006, il y eut une marche, organisée par
des Musulmans qui protestaient contre les caricatures, et une autre marche, organisée par des
Musulmans qui soutenaient la liberté d’expression.
Divers points de vues concernant l’affaire des caricatures
Extrait de l’éditorial du Jyllands-Posten accompagnant les caricatures :
«Certains musulmans rejettent la société laïque moderne. Ils réclament un statut particulier en
insistant pour que l’on prenne en compte leurs sentiments religieux de façon spécifique. Cela
est incompatible avec la démocratie contemporaine, et la liberté d’expression, qui implique
que l’on soit prêt à encaisser insultes, moquerie et dérision. Il n’est certainement pas toujours
agréable d’y être confronté et cela ne signifie pas qu’il faut à tout prix se moquer des
sentiments religieux, mais cela est de peu d’importance dans le contexte actuel. [...] Nous
nous trouvons sur une pente dangereuse et personne ne peut dire où s’arrêtera l’autocensure.
C’est pourquoi le Jyllands-Posten a invité des membres du Syndicat des caricaturistes de
presse danois à dessiner Mahomet comme ils le voient. »
10 ambassadeurs de pays arabes en poste à Copenhague ont fait une déclaration écrite le
20 octobre 2005 :
«Nous déplorons ces déclarations et publications et demandons au Gouvernement de Votre
Excellence de poursuivre les personnes responsables en vertu du droit du pays, dans l’intérêt
de la cohabitation harmonieuse entre les religions, d’une meilleure intégration et des relations
du Danemark avec le monde musulman. »
Le Gouvernement danois a répondu aux ambassadeurs par une lettre disant :
«La liberté d’expression est très large et le Gouvernement danois ne dispose d’aucun moyen
pour influencer la presse. Cependant, la législation danoise interdit les actes ou expressions à
caractère blasphématoire ou discriminatoire. La partie offensée peut intenter une action en
justice contre les auteurs de tels actes ou expressions, il appartient alors aux tribunaux de
décider au cas par cas. »
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