Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

centaines de recommandations 3 . Depuis 1949, ces standards communs, qui recouvrent presque
tous les domaines de la vie publique et privée, ainsi que les relations entre les personnes et
l’Etat (à l’exception des domaines militaires et économiques) ont largement été transposés
dans les législations et les pratiques nationales des quarante-sept Etats membres du Conseil de
l’Europe et, plus récemment, des pays d’Europe centrale et orientale (depuis 1989-1990).
Même en supposant que les Européens soient sensibles à ces droits et y soient attachés, cela
suffit-il pour générer un sentiment d’appartenance à une communauté européenne plus large,
de la même façon que les citoyens d’un Etat-nation ont le sentiment d’appartenir à une
communauté politique et culturelle donnée? Ou bien sont-ils culturellement trop différents
pour que cela soit possible ?
«Citoyenneté européenne » et identités culturelles
Pendant une grande partie du XX e siècle, la plupart des clivages et conflits sociaux, ethniques,
religieux et culturels qui ont modelé l’histoire de l’Europe étaient présents à l’état larvé – leur
existence était masquée par les idéologies totalitaires de la Guerre froide qui dominaient les
relations internationales et même la vie de tous les jours. Toutefois, certains des anciens
clivages sociaux et culturels ont ressurgi après la chute du bloc communiste dans les années
1990.
Parallèlement, le reste de l’Europe a gagné en diversité ethnique et culturelle, en raison de
l’augmentation des mouvements de population en Europe, notamment de l’Est vers l’Ouest, et
de l’immigration non-européenne, notamment en provenance des anciennes colonies depuis
leur indépendance au milieu du XX e siècle.
En soi, la diversité culturelle n’est pas problématique. Les problèmes surgissent là où :
− la majorité se sent menacée par les croyances, les valeurs et le mode de vie d’une
minorité en particulier ;
− une minorité se sent menacée par les croyances, les valeurs et le mode de vie de la
majorité ;
− une minorité se sent marginalisée et discriminée, ou a le sentiment que ses traditions
culturelles ne sont pas respectées par le gouvernement ou par la communauté
majoritaire ;
− une minorité s’exclut elle-même et choisit de ne pas participer dans la communauté.
Dès lors, les gouvernements s’inquiètent d’une aggravation possible des tensions sociales,
voire des conflits, en particulier dans les métropoles européennes où la mixité sociale et
culturelle semble souvent extrêmement instable. Le problème alors est de trouver le meilleur
moyen de créer les conditions qui garantiront la coexistence pacifique et constructive entre les
différentes communautés d’une société donnée.
Les gouvernements ont trouvé la parade : ils ont, entre autres choses, multiplié les mesures
visant à améliorer la situation des groupes minoritaires les plus défavorisés, socialement et
économiquement. Cependant, il convient peut-être aussi d’examiner pourquoi ces groupes
sont mal disposés envers les politiques démocratiques pluralistes et s’en sentent exclus. Après
3 Ces recommandations ne sont pas des instruments contraignants pour les gouvernements, mais elles
expriment une ‘politique commune’ et le Comité des Ministres demande au gouvernement de chaque
Etat membre de ‘l’informer des mesures prises’ en relation avec ces recommandations.
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