Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

d’empêcher que l’exclusion des femmes par la formulation des profils de recrutement. Lors
des entretiens d’embauche, on n’a plus le droit de poser des questions du type «êtes-vous
mariée ?» ou « avez l’intention d’avoir prochainement un enfant ?».
La notion de discrimination positive est peut-être l’élément-clé du débat sur l’égalité. De
nombreux militants des droits des femmes affirment qu’il n’est pas suffisant d’éliminer la
discrimination évidente. Ils considèrent que les attitudes négatives, fortement ancrées dans
des secteurs essentiels de l’économie et dans certaines professions, ne peuvent pas être
surmontées par la législation et la réglementation et que l’«égalité des chances n’est pas
suffisante ». Par contre, certaines femmes disent que la discrimination positive les empêche
d’atteindre l’égalité grâce à leurs propres mérites et les libéraux affirment que l’Etat ne doit
pas se mêler d’affaires privées, comme la conception de la vie de famille. D’autres déclarent
que la discrimination positive est chère et inefficace et qu’il faut laisser les forces du marché
régler le problème.
Cela conduit au débat sur le problème, controversé, de l’ «interférence » de l’Etat. Est-il
indispensable de légiférer pour obliger les employeurs récalcitrants à accepter le principe
d’égalité véritable ? Faudrait-il autoriser les employeurs à payer leurs salariés au prix du
marché, quel qu’il soit ? De nombreux employeurs objectent que les réglementations
destinées à promouvoir l’égalité sont pesantes et chères, imposent des coûts supplémentaires
injustes et gênent la compétitivité de leurs entreprises. Selon eux, cela limite les possibilités
d’emploi pour tout le monde, aussi bien pour les femmes que pour les hommes.
Effectivement les interventions de l’Etat on été de plus en plus loin. A l’origine, l’affirmation
du principe dans le Traité CE de 1957 était relativement simple et limitée : «égalité de
rémunération pour un même travail ». Cet objectif est devenu beaucoup plus ambitieux au
cours des 50 ans qui ont suivi, « égalité de traitement », plutôt que de rémunération, « gender
mainstreaming», abandon des stéréotypes sexistes etc. La situation des femmes au regard de
l’emploi a considérablement changé depuis les années 1950. Il n’est pas exagéré de parler de
«révolution des sexes». Mais le débat sur les effets de la discrimination positive et de la
réglementation étatique n’est pas clos.
Est-il vrai que l’intervention de l’Etat a réussi à accélérer les changements et permis
d’améliorer considérablement la situation des femmes au travail ? Ou bien cette intervention
a-t-elle constitué un gaspillage des ressources coûteux, tant parce qu’il a gêné la compétitivité
des entreprises que parce qu’il a eu moins d’effets sur les pratiques en la matière que n’en
auraient eu les forces du marché, si on les avait laissées agir librement ?
Divers points de vue sur les problèmes liés à l’égalité de rémunération
Commentaires d’un professeur de l’enseignement secondaire expérimenté, du Nord de
l’Angleterre, à propos de l’une de ses collègues, après l’entrée en vigueur de la Loi sur
l’égalité de rémunération en 1975 :
«Elle prend toujours un jour de congé quand l’un des ses enfants est malade. Moi
non. Je reste souvent pour aider après les activités scolaires et je viens m’occuper des
jeux en équipe le samedi matin. Elle non. Pourquoi devrait-elle avoir la même
rémunération que moi ?»
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