Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

Cet argument cache souvent un impératif : réduire les coûts de la santé, en particulier les
coûts associés à des maladies et problèmes sanitaires qui peuvent être évités. Le deuxième
argument le plus courant pour interdire le tabac dans les lieux publics fermés vise à éviter le
tabagisme passif. Des recherches médicales récentes ont en effet montré qu’un non-fumeur
qui inhale la fumée après qu’elle a été exhalée par un fumeur actif encourent les même risques
sanitaires qu’un fumeur actif – cancer du poumon, maladies cardiovasculaires et affections
pulmonaires, bronchites et asthme. En 2002, une étude du Centre international de recherche
sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a conclu que les fumeurs passifs sont
exposés aux mêmes carcinogènes que les fumeurs actifs.
Selon le troisième argument, l’interdiction de fumer dans les cafés, les bars, les restaurants et
d’autres lieux fermés accueillant du public permet d’améliorer sensiblement la qualité de l’air.
Des recherches ont montré qu’une meilleure qualité de l’air réduit l’exposition aux toxines
des employés de bureau.
Les lois antitabac ont été critiquées pour diverses raisons, la première étant une phobie
générale pour les réglementations gouvernementales qui touchent au comportement
individuel. L’une des variantes de cet argument que l’on entend souvent aux États-Unis et
dans d’autres pays traditionnellement libertaires, comme le Royaume-Uni, est que les fumeurs
qui choisissent librement de fumer et de se faire du mal à eux-mêmes ont le droit de le faire,
de la même manière qu’ils sont libres de se donner la mort. Pour les défenseurs de cet
argument, l’interdiction de fumer instaure un «crime sans victime ». Ce faisant, ils contestent
généralement les recherches sur les risques du tabagisme passif.
L’autre variante « fondée sur le droit » de l’argument contre l’interdiction de fumer dans les
bars et d’autres lieux publics similaires, est qu’elle viole les droits de leur propriétaire. Selon
cet argument, les salariés et les clients qui franchissent le seuil d’un établissement privé ou
d’une entreprise privée où il est permis de fumer consentent implicitement aux règles fixées
par le propriétaire. Les opposants à l’interdiction y voient un problème qui relève des droits
individuels et de la relation entre le citoyen et l’Etat, tout comme le lobby antitabac tourne
autour des droits du non-fumeur à un environnement non pollué et sain.
Les représentants de la filière tabac et des débitants de tabac, comme ceux de l’industrie de la
restauration et des loisirs, dénoncent volontiers les lourds préjudices économiques que leur
causent les lois antitabac et l’hypocrisie de gouvernements qui ont vu leurs recettes largement
augmenter grâce aux taxes sur les produits du tabac. D’ailleurs, dans certains pays, il apparaît
que les autorités ne font pas grand-chose pour renforcer efficacement les interdictions et
continuent d’engranger les taxes sur ces produits.
Enfin, il y a les opposants aux interdictions et mesures antitabac qui estiment qu’elles sont
inefficaces pour faire baisser le nombre de fumeurs. Ils prennent pour exemple les pays où le
pourcentage de fumeurs est resté stable ou n’a que légèrement baissé depuis l’entrée en
vigueur des lois antitabac, notamment en Irlande, où le nombre de fumeurs réguliers est
grosso modo resté stable malgré l’interdiction. De la même manière, ils font remarquer que le
prix élevé du paquet de cigarettes en Norvège et l’augmentation de 20 % décidée en France en
2003 ne se sont pas traduits par une baisse notable des fumeurs dans ces deux pays.
Les partisans de l’interdiction et d’autres mesures antitabac soulignent quant à eux qu’en
Italie, les revendeurs ont accusé une baisse des ventes de cigarettes de 20 %. Des scientifiques
ont également indiqué que dans des pays comme le Royaume-Uni, où il est interdit de fumer
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