Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

« Le fait de ne pas instaurer la démocratie en Iraq…serait désastreux. La guerre civile,
d’importants afflux de réfugiés, voire une reprise des combats inter-étatiques risqueraient de
resurgir dans cette région depuis longtemps maudite. De plus, si la démocratie ne devait pas
s’implanter, cette évolution donnerait raison aux accusations selon lesquelles les États-Unis se
soucient peu des peuples musulmans et arabes…..Le fait de ne pas réussir à transformer le
gouvernement iraqien a terni la victoire militaire remportée sur ce pays en 1991 ; plus de 10
ans plus tard, les États-Unis ne doivent pas répéter la même erreur ».
D’un autre côté, le général des Marines des États-Unis, Anthony Zinni, parti en retraite
avant le début de la guerre en Iraq, doutait qu’il y ait un moyen à court terme
d’introduire la démocratie en Iraq :
«Si l’on pense qu’il existe une solution rapide pour changer la gouvernance en Iraq, alors
l’on ne comprend rien à l’histoire, à la nature du pays, aux divisions ou aux passions sousjacentes
réprimées qui pourraient refaire surface. Je nous souhaite bien de la chance si nous
pensons que cette transition se fera facilement. Les tentatives auxquelles j’ai pu assister pour
instaurer la démocratie en peu de temps dans un pays sans histoire ni racines démocratiques
ont toutes échoué [par ex.]……en Somalie ».
Le journaliste Robert Kaplan déclarait dans le Washington Post le 2 mars 2006 que :
«La mondialisation et d’autres forces dynamiques vont continuer de débarrasser le monde
des dictatures. Le changement politique n’a pas à être imposé aux peuples; il surviendra de
toute façon. Ce vers quoi il nous faut tendre – car ces peuples dont les expériences historiques
sont différentes des nôtres nous en seront reconnaissants –ce n’est pas la démocratie, mais la
normalité. L’objectif doit consister à stabiliser des régimes nouvellement démocratiques et à
faciliter l’accès au développement des pays non démocratiques…..Plus nous serons prudents
dans un monde déjà aux prises avec de tumultueux bouleversements, plus nous réussirons ».
L’instabilité concerne également les voisins de l’Iraq. Shibley Telhami, professeur,
Chaire Anwar Sadat de paix et de développement, Université du Maryland, États-Unis,
déclare :
«Dans des Etats comme les Emirats Arabes Unis et le Qatar, même l’Arabie saoudite, on
craint que l’effondrement total de l’Iraq ne favorise à long terme les intérêts de l’Iran, ce qui
serait un danger encore plus grave…Ils estiment que l’instabilité va durer pendant longtemps
et, dans le pire des cas, on envisage la désintégration de l’Etat iraqien ».
Dr Hamid al-Bayati, conseiller politique de l’Alliance irakienne unifiée (chiite) souligne :
«Nous devons prendre la réalité iraqienne en ligne de compte – nous ne pouvons pas copier
n’importe quel système démocratique dans le monde et l’appliquer ici ».
Expert du Moyen-Orient, N.N. Ayubi, affirme dans son ouvrage Overstating The Arab
State : Politics and Society in the Middle East (2001) p.424 :
«Parler de démocratisation à propos de l’Iraq, même si l’on donne une interprétation très
large de cette notion, semble presque friser le ridicule ».
A droite de l’échiquier politique américain, le point de vue du gouvernement sur l’Iraq
n’est pas défendu par tous. Patrick Basham, de l’Institut Cato, un organisme
conservateur basé à Washington, doute que les conditions préalables nécessaires au
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