Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

une inflation de 20% les versements diminueraient régulièrement en valeur réelle. Certains
firent également remarquer que des hauts fonctionnaires du gouvernement conserveraient
leurs logements subventionnés, datchas payées par l’Etat, voyages gratuits, soins de santé
gratuits et plans de retraite.
Dans la pratique, les changements n’ont pas été aussi radicaux que prévu. Les manifestations
amenèrent certaines autorités locales et régionales à restaurer, au moins provisoirement, les
prestations et avantages sociaux. Même les autorités régionales et locales qui appliquaient les
réformes optèrent la plupart du temps pour un système mixte, avec des versements en espèces
et le maintien de certains des avantages et prestations. Les porte-parole du gouvernement
affirmaient par ailleurs que le nouveau système avait amélioré la situation de la plupart des
retraités et autres bénéficiaires des avantages. Selon eux, les manifestants étaient induits en
erreur par des agitateurs et les partis d’opposition, surtout les communistes et le parti
nationaliste de gauche, Rodina.
Un sondage réalisé en 2006 indiquait qu’environ 60% des retraités estimaient que le rôle de
l’Etat russe était de s’occuper des citoyens, près d’un tiers des personnes interrogées voulaient
un retour à l’économie planifiée et seulement 10% considéraient que l’introduction de la libre
entreprise devrait constituer une priorité pour le Gouvernement.
Divers points de vue sur la question
Pendant les premiers mois de l’année 2005, les médias d’information russes, surtout les
médias indépendants, étaient remplis d’interviews de personnes qui bénéficiaient des
prestations sociales et croyaient que leur niveau de vie baisserait à cause de la Loi fédérale
122-FZ (2004) :
Nina Simyonova, une retraitée s’adressa ainsi à un groupe de manifestants, à l’extérieur
de Moscou, le 15 janvier 2005 :
«Beaucoup d’entre nous ont des enfants et des petits enfants en ville, mais maintenant nous
n’avons pas les moyens d’aller les voir. Que sommes-nous censés faire, rester à la maison ? A
qui la faute ? Aux responsables de ce pays, à commencer par Poutine. »
Un retraité expliqua lors d’une autre manifestation :
«Actuellement, avec mes avantages, je peux prendre le trolleybus pour aller faire mes
courses. Je peux me rendre sur un marché, puis sur un autre et même sur un troisième en
quête des produits alimentaires les moins chers. Si nos avantages disparaissaient, je devrais
payer mes tickets. Cela me coûterait 40 roubles par jour. »
Rafail Islamgazin, un colonel de l’armée en retraite, déclara à la Komsomolskaïa
Pravda :
«Je touchais [l’équivalent d’] environ 7 500 roubles sous forme d’avantages, mais je touche
930 roubles en liquide alors que mes factures de gaz, d’électricité et d’eau ont augmenté de
150%. Il faut vraiment que l’Etat déteste ses défenseurs pour les accabler de cette façon. »
120