Guide des valeurs pour la vie en démocratie - Council of Europe

ETUDE DE CAS 8 : Le processus de formation d’une minorité
Introduction
Presque tous les Etats européens ont une ou plusieurs minorités culturelles. Certaines sont
originaires d’une région particulière, comme les Saami dans le nord de la Scandinavie.
Certaines sont qualifiées de minorités indigènes, c’est-à-dire qu’elles habitent une partie du
pays depuis des milliers d’années et ont choisi de conserver un certain caractère distinctif,
généralement sur le plan de la langue, de la culture ou du patrimoine.
De nombreuses minorités sont constituées de migrants, migrants économiques cherchant une
vie plus facile pour certains, réfugiés fuyant la persécution et l’oppression pour d’autres.
Certains sont venus quand le pays était occupé ou annexé par leur pays d’origine. Certains
sont revenus après avoir été expulsés du pays où ils avaient vécu pendant longtemps car ils
étaient assimilés à «l’ennemi » ou aux oppresseurs. Certains, comme les « Pieds noirs» en
France et d’autres anciens colons ailleurs en Europe de l’Ouest, sont revenus dans leurs pays
d’origine pour y être traités comme s’ils étaient différents, comme une relique du temps passé.
D’autres considèrent que le statut de minorité est un fardeau qui leur a été imposé. A l’époque
moderne, cela s’est généralement produit dans les circonstances suivantes: dans certains cas,
parce que les vainqueurs d’une guerre ont modifié les frontières d’un pays et que les habitants
d’une zone ou d’une région se retrouvent citoyens d’un autre ou d’un nouvel Etat-nation.
Dans d’autres cas, parce qu’un empire, une puissance coloniale ou une fédération s’est
disloqué et que les militaires, les fonctionnaires et leurs familles, qui sont restés, constituent
désormais une minorité nationale et culturelle.
Parfois, la « minorité » constitue en fait la majorité numérique, comme les Noirs en Afrique
du Sud pendant l’Apartheid. Ceci met en évidence une caractéristique intéressante de
l’expression « groupe minoritaire »: On a tendance à l’employer pour tout groupe défavorisé
en termes de pouvoir politique, de richesse, d’emploi, de formation et de statut social, même
s’il constitue une majorité numérique au sein de la population et s’il est indigène. Cette
expression a une autre caractéristique importante : on ne l’attribue pas en se fondant
seulement sur certains traits (appartenance ethnique, religion, langue, culture ou mode de
vie) ; les membres de la dite minorité l’utilisent aussi souvent eux-mêmes pour renforcer leur
sentiment d’identité et d’appartenance commune.
Dans les 50 dernières années, la reconnaissance du fait que la plupart des minorités sont
défavorisées et marginalisées par la population majoritaire a conduit à réclamer plus de
protection. Ceci a conduit à la signature de conventions internationales pour affirmer les
droits civils, politiques, culturels, économiques et sociaux des groupes minoritaires. Dans
certains cas, les Etats ont réagi par ce qu’on appelle l’«affirmative action» (des politiques
destinées à corriger les désavantages, généralement en introduisant des quotas dans les
universités et dans la fonction publique).
Cependant, bien que l’on fasse plus pour protéger les droits des minorités, dans la plupart des
sociétés, leur statut semble faire l’objet d’une attention permanente. Dans certaines
démocraties libérales stables, les préoccupations des gouvernements quant au degré
d’intégration des minorités dans le reste de la société, ressurgissent généralement en période
de récession, d’augmentation du chômage ou bien de troubles et de conflits entre différents
groupes sociaux.
Dans les pays qui viennent de connaître des changements politiques majeurs, comme en
Europe centrale et orientale après la chute du communisme, les nouveaux gouvernements sont
79