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aux tribus inquiètes une partie de leur territoire et d'améliorer,
par certains travaux, cette partie, en dédommagement de celle
qu'on leur prendra. Il devrait y avoir tout un service public
uniquement occupé de cette mission; elle en vaut la peine, car
il y a là, ne l'oublions pas, un intérêt fort grave en notre pré
sence, et si, pour l'avoir négligé, un souffle d'insurrection venait
à agiter en masse toutes les populations indigènes de l'Algérie,
nous ne reprendrions pas le dessus sans éprouver de grandes
pertes de toutes sortes.... » (1).
En termes plus brefs, c'est ce que dit le général comman
dant la division d'Oran lorsqu'il écrit en 1856 : « Le cantonne
ment est une mesure essentiellement et uniquement politi
que. » (2).
Lorsqu'on aura assuré une fraction du territoire aux Indi
gène en délimitant les biens de chaque tribu, il faudra, toujours
pour assurer la tranquillité du pays et éviter les contestations,
constituer la propriété indigène. Chaque individu devra obtenir
une propriété déterminée et progressivement on dressera un
véritable cadastre (3). Le but poursuivi par les Bureaux arabes
et par l'Armée nous le trouvons clairement défini dans un rap
port du 17 mai 1854 du Ministre de la Guerre : « En conférant
à chaque tribu la propriété collective d'un périmètre déterminé,
écrit celui-ci, mon département se réserve de constituer, dans
ce périmètre même, la propriété individuelle, en faveur des
familles qui s'en montrent dignes par leurs travaux de culture.
Or, la propriété individuelle ainsi conquise,
en modifiant radi
calement l'état social des indigènes, les liera irrévocablement
à notre cause par leurs propres intérêts. Née. du travail et de
l'esprit de progrès, elle ouvrira les voies à toutes les améliora
tions sociales et agricoles;
l'assimilation des deux peuples. » (4).
(1) Hugonnet (6) 268.
elle sera le plus sûr point d'appui de
(2) N 1805. Documents ayant servi au Rapport Randon 1862. Azéma de
Montgravier, 2" lettre p. 20, exprime la même idée lorsqu'il écrit que le can
tonnement doit être fait lors de la soumission des tribus et comme garantie
de leur fidélité.
(3) N 450, 1854, Rapport d'ensemble de la division d'Alger -
N
465, 1848,
Orléansville 1 q. février N 1675, rapport de Walsin-Estherhazy du 23-12
1844.
(4) Cité dans Pellissier de Reynaud (14) III, 372.