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familiarisés, s'était révélé plus onéreux que productif. Qui enfin,
loin des centres européens, aurait pu effectuer les réparations
indispensables à un outillage perfectionné, d'autant plus vite
détérioré qu'il serait confié à des mains inexpertes ? (1).
Plus délicate encore était la question des animaux de
labour. D'abord les charrues françaises s'adaptaient difficile
ment aux jougs arabes et, dans le cercle de Téniet-el-Had, c'est
une difficulté qui a fait échouer les premiers essais. Surtout
intervenait le manque de puissance des bêtes utilisées aux
labours. Poliot, chef du bureau arabe de Cherchel en 1857, le
constate en ces termes : « En France, écrit-il, où la culture est
perfectionnée, on emploie ces mêmes charrues en y attelant
deux et quatre bons chevaux ou bœufs conduits par des labou
reurs entendus et l'on obtient de bons résultats; il n'est donc
pas étonnant de voir nos Arabes échouer contre un obstacle
qu'ils ne peuvent surmonter. » A maintes reprises, les officiers
reviennent sur ce côté de la question et le chef du bureau de
Miliana, en 1861, voit très clairement que l'on fait fausse route :
« Depuis plusieurs années, note-t-il, l'administration supérieure
pousse à l'introduction de la charrue française dans les cultures
arabes; évidemment cette idée est excellente,
mais à la condi
tion d'avoir des bêtes suffisamment fortes. En d'autres termes, il
ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs. Améliorons donc
le moteur avant de songer à décupler la puissance de la machine
à laquelle il doit s'appliquer;
en un mot mettons les bœufs à
leur place, ce que nous n'avons point assez fait jusqu'ici; encou
rageons l'élève de la race bovine, améliorons et régénérons
sa race, stimulons les éleveurs par des primes... » Il ne s'agit
plus de trouver un engin perfectionné mais de se procurer des
taureaux reproducteurs et d'établir des comices agricoles au sein
des tribus. Ce n'est plus un problème mécanique, mais un pro
blème d'élevage, et la difficulté n'est pas moindre, car il faut
amener l'Indigène à modifier ses habitudes et à soigner ses
bêtes. Il s'agit non seulement d'une éducation technique, mais
même morale (2).
(1) G. Ténès 4' T. 1861, 4» T. 1863, 1" et 4« T. 1875.
(2) N 476, 1857, Téniet-el-Had, rapport annuel.
G : Cherchel 4« T. 1857, 4' T. 1862 ; Miliana 4" T. 1861, 2» et 3- T. 1865
Ténès 4" T. 1874 ; Téniet 1" T. 1874.