L 108, C

— 63 —
Amran (155 tentes) et celle des Ouled-Ziad (138 tentes) ; un
arrangement à l'amiable aurait pu aboutir à un partage accor
dant 41 hectares, c'est-à-dire une grande propriété, à chaque
tente; au lieu de cela on exhibait de chaque côté des « actes
faux et fabriqués à plaisir » et des gens mouraient au sujet de
ces terres (1). Même situation dans la subdivision d'Orléans-
ville. Le capitaine Richard, chef du Bureau arabe, écrit dans
un de ses ouvrages : « Une des causes permanentes qui agitent
et divisent les Arabes c'est l'incertitude des limites qui séparent
les diverses parties du territoire. Le vieux caïd des Béni Mer-
zoug, interrogé sur le point de savoir comment il se faisait qu'un
vaste terrain situé entre sa tribu et celle des Béni Menna restait
toujours sans culture, répondit que, de temps immémorial, ce
champ de souvenir funèbre, n'avait jamais été ensemencé que
de leurs cadavres. Ce vieux caïd faisait ainsi comprendre d'un
mot l'importance des limites dans ce pays. »
L'on conçoit alors le programme tracé, en conclusion, par
le capitaine Richard, pour faire disparaître ces « pays de pou
dre » (bled et baroud)
: « Le Bureau arabe a donc à poursuivre
d'une manière permanente la délimitation des diverses parties
du territoire, de manière à tarir à sa source, une des causes les
plus abondantes en procès et en disputes souvent sanglantes.
Un autre travail doit être exécuté par lui parallèlement à celui-
là, c'est la vérification et la légalisation des titres de propriété
des Arabes. » (2). Et ainsi va se trouver posée la question du
cantonnement que d'autres considérations devaient également
mettre au premier plan comme nous le verrons plus loin.
Les céréales.
II. —
L'EXPLOITATION
PRIMITIVE
Les terres mises en culture ne forment vers 1850 qu'une
fraction relativement faible du territoire : environ un huitième
(1) N 476. Rapport annuel de 1857 sur le cercle de Téniet-el-Had.
(2) Richard (18) 66-67. Les Béni-Merzoug et les Béni-Menna se trouvent
à l'Ouest de Ténès ; ces derniers ont constitué les douars Baache et Talassa
(voir carte à la fin de l'ouvrage).