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Or, que relevons-nous ? soit des affirmations générales
incontrôlables et apparemment exagérées, soit des faits précis
mais de portée limitée et parfois très contestables.
On voudrait bien croire Sériziat lorsqu'il écrit : « Une
quantité considérable de tentes qui n'avaient jamais eu de
chaussures et n'avaient jamais été vêtues que de haillons sont
aujourd'hui au niveau des tentes aisées du temps des Turcs;
et le nombre des Arabes qui ont admis du luxe dans les vête
ments de leur femme et la propreté dans les leurs est réelle
ment considérable » (1). Il répète, il est vrai, deux ans après
ce qu'il écrivait en 1854 et plus catégorique encore, il affirme
alors être « forcé de constater que la moyenne de la fortune
a augmenté considérablement. Il est très rare aujourd'hui de
voir des Arabes sans souliers ou en guenilles même dans les
tribus les plus reculées des montagnes » (2). Avoir obtenu un
pareil résultat en une douzaine d'années, sept ans seulement
après la révolte de Bou-Maza, voilà évidemment un succès qui
tiendrait du prodige. Mais sans aller jusqu'à invoquer le vieil
adage, Testis unus, testis nullus, on ne peut s'empêcher de
constater qu'aucun des successeurs de Sériziat n'a noté une
situation aussi satisfaisante et il faut admettre, dans le cas le
plus favorable, qu'elle fut passagère, s'expliquant par les bon
nes récoltes des années précédentes plus que par l'action du
bureau arabe.
Au sujet des progrès en agriculture et en matière d'habi
tation, on relève de temps à autre des notes très optimistes.
« Quelques années de paix et notre contrée aura entièrement
changé d'aspect », prophétise Lapasset en 1849. Les années
de paix se succédèrent et cependant quatorze ans après, Lapas
set parcourant la subdivision d'Orléansville faisait un tableau
pitoyable de la situation chez les Ouled-Kosseïr,
attribuant leur
misère au cantonnement, mais sans dire un mot des autres
tribus non cantonnées de Ténès ou d'Orléansville et dont la
prospérité, par comparaison tout au moins, aurait dû le frap
per (3).
(1) N 473, 1854, Orléansville, août.
(2) G. Orléansville 2° q. 1856.
(3) N 468, 1849, Ténès 2' q. de septembre. Voir avant p. 189.