L 108, C

— 113 —
seul et même peuple sous le gouvernement paternel du roi des
Français » (1).
Azéma de Montgravier donne son approbation à une doc
trine visant à « rechercher les moyens d'apporter à l'état social
des vaincus des modifications radicales dont le dernier terme
sera la fusion des races,
peut-être dans un avenir plus ou moins
éloigné, et certainement l'absorption de l'élément barbare et
réfractaire dans l'élément civilisateur » (2).
Richard, toujours visionnaire, rêve aussi de l'absorption du
peuple indigène par les Français, de sa dissolution dans nos
masses. Il voit l'Algérie peuplée de 15 millions d'habitants, es
sentiellement européens, et alors le nombre vaincra. Il écrit
textuellement : « Il est donc bien manifeste que nous pouvons
marcher vers notre but, sans trop
nous préoccuper de cette
grave affaire de la fu'sion des races qu'une certaine philanthropie
timide avait établie devant nous comme une barrière infran
chissable- Si nous n'opérons pas la fusion du peuple arabe avec
le nôtre, nous opérerons à coup sûr son absorption par nos mas
ses, résultat parfaitement identique au point de vue de nos
intérêts et même de ceux de la civilisation que nous voulons
implanter.» Rien d'étonnant par conséquent à le voir recomman
der les mariages mixtes qui se contracteraient,
au choix des
époux, tantôt suivant la loi française, tantôt suivant la loi mu
sulmane, et Richard pense même que la seconde aurait la pré
férence. La religion d'ailleurs ne saurait être un obstacle :
« Nous avons des citoyens français qui sont juifs, protestants,
catholiques; pourquoi n'ajouterions-nous pas à cette liste les
musulmans ?» (3).
Comment dans ces conditions a-t-on pu accuser les Bureaux
arabes d'avoir voulu isoler systématiquement le peuple conquis,
de s'être opposé à toute assimilation, d'avoir combattu l'intro
duction des Européens dans les tribus ? (4). L'accusation est-
(1) Circulaire du 17 septembre 1844 : Ménerville (140) I, 65.
(2)
(3)
(4)
A. de Montgravier (1) 4, 14.
Richard (18) 9-10, 59-61 et (19) 5.
Voir par ex. : Duvernois (60).