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tion, il suffit de reconstituer les anciens makhzens et d'accorder
la condition de makhzen à toute tribu au milileu de laquelle
s'élèverait un établissement français (1).
Si l'on veut se rendre maître de l'esprit fanatique des Ara
bes, il serait bon d'avoir des prophètes à gages qui nous accor
deraient un règne d'une centaine d'années : cela suffirait. « Il
nous faudrait aussi avoir des inspirés à tant le mois, et les faire
parler suivant les circonstances, mais toujours en notre faveur.
Un livre que nous écririons à Alger et que nous ferions ensuite
trouver par un pèlerin sous une pierre du tombeau du prophète,
pourrait nous aplanir bien des difficultés s'il était conçu d'une
manière intelligente. Il n'y a rien de facile comme de faire
croire du merveilleux à un Arabe. On dira peut-être que c'est un
petit moyen; c'est vrai, mais c'est avec de petits moyens qu'on
mène les enfants et les peuples enfants » (2).
Pour assurer notre domination pendant les périodes de
paix, renonçons aux grosses colonnes mobiles, mais multiplions
les petites «colonnes apostoliques» don^t la force reposerait moins
sur les combattants que sur certains « éléments éminemment
civilisateurs et pacifiques » : un service médical; un cadi pour
juger en appel;
une escouade de soldats du génie pour effectuer
certains petits travaux et apprendre aux indigènes l'usage de
nos outils ; un petit groupe de colons effectuant d'honnêtes
transactions commerciales ; et ces colonnes, accueillies avec
reconnaissance, deviendraient « les artères voyageuses de notre
civilisation et en sèmeraient partout les germes féconds : leur
bienfait serait immense » (3).
Il faut, de toute nécessité, attirer des colons car : « le pays
ne sera réellement à nous que quand nous serons partout. La
population arabe ne cessera de lutter contre notre domination
que quand elle sera enserrée de tous côtés dans la nôtre et
qu'elle ne pourra faire un mouvement sans nous toucher les
coudes ». D'autre part, et nous retrouvons l'idéaliste, l'Afrique
doit être un « débouché offert aux misères qui encombrent la
(1) (17) 187.
(2) (17) 192-193.
(3) (22) 25-27.