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ont déjà été, évincés. Ils errent sans asile; leurs compagnons ne
tarderont pas à les suivre... » (1).
Duvernois qui écrit en 1865, fait un tableau analogue de
la situation, accusant même l'autorité militaire d'avoir multiplié
les corvées dans le dessein d'exposer les Indigènes à de nom
breuses amendes. Selon lui, les Ouled-Kosseïr abandonnent leurs
terres qui tombent aux mains de spéculateurs sans scrupules :
plutôt que de faire une dépense au-dessus de leurs moyens en
construisant une maison, ils ont préféré renoncer à leurs droits
et émigrer vers1 le territoire civil (2).
Signalée à la fois par un représentant de l'autorité militaire
et par un adversaire résolu des Bureaux arabes, cette déposses
sion des Ouled-Kosseïr, au lendemain du cantonnement, est un
fait essentiel sur lequel les archives nous permettent d'apporter
quelques précisions. On se doutait bien que la constitution de la
propriété individuelle faciliterait les transactions immobilières
entre Européens et Indigènes, mais le bureau arabe pensait,
d'une part, que les ventes cesseraient vite par suite de la plus-
value que prendraieent les propriétés, et que, d'autre part, les
Colons s'introduisant au sein de la tribu, serviraient d'exemples
aux Indigènes et seraient autant de moniteurs en matière d'agri
culture.
Les illusions ne durèrent guère. A l'approche de l'hiver
nombre d'Indigènes, peu soucieux de l'avenir et poussés par le
besoin à la suite d'une sécheresse exceptionnelle (3), cédèrent
leur lot parfois à 20 ou 25 francs l'hectare, le plus souvent à
5 ou 10 francs. Beaucoup vendaient aussi parce qu'ils n'avaient
pas confiance dans l'ordre des choses établi et ils préféraient
vendre à des Européens parce que, disaient-ils,
(1) Lettre à Lacroix du 2-6-1863 (121) 456.
(2) A. Duvernois (59) 88.
« si l'Etat con-
(3) Le rapport d'Orléansville de mai 1862 après avoir signalé que la ré
colte sera nulle en plaine donne sur le climat de l'année les précisions sui
vantes : « Un vent du sud fort chaud pour la saison est venu, dans la pre
mière quinzaine de mai, détruire l'effet des pluies d'avril qui avaient en par
tie réparé les dommages causés par la sécheresse du mois de mars ». Toute
l'incertitude du climat chélifien est dans cette phrase.