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les tenons de se voir privés des intérêts qui les attachent au
sol. » (1). Pour Lapasset également la fixation des Indigènes
au sol par la construction de villages « rend les révoltes presque
impossibles en mettant les terres dans notre main » (2). Walsin-
Esterhazy voit la question de plus haut, mais toujours sous l'an
gle de la sécurité, et, à propos de la construction d'habitations
fixes aux Douaïrs et aux Zmélas (à l'Ouest d'Oran), il écrit :
« Au moment où l'Arabe consent à se fixer au sol, il accepte
implicitement, sans en apprécier peut-être toute la portée, une
modification profonde à ses habitudes et à ses mœurs; il se
crée des intérêts communs et solidaires avec les nôtres, il entre
dans le mouvement colonisateur et devient aussi intéressé que
l'Européen lui-même à la tranquillité et à la sécurité du
pays » (3).
Le groupement des Indigènes dans des villages n'est-ce
pas, d'autre part, le moyen le plus efficace de surveiller les
suspects et de porter secours à ceux qui sont attachés à notre
cause ? Ce sont les riches d'abord qui se feront construire des
maisons et « les hommes les plus influents de chaque tribu se
trouveront par là réunis sous la surveillance immédiate du
kaïd dont le commandement va devenir plus facile. En cas de
guerre, les tentes trouveront toujours une protection puissante
autour du village qui sera disposé de manière à la leur assurer.
Ceux qui sont disposés à nous rester fidèles viendront naturel
lement s'y réfugier » (4).
On aurait tort de croire que la construction des villages
augmentera les possibilités de résistance des Indigènes. D'abord
ces villages ne seront pas bâtis « sur un plan défensif comme
(1) N 465, 1848, Téniet-el-Had 1" q. de janvier.
(2) Lapasset (9) 55-56. On pourrait citer dans le même sens le rapport
de la 2" quinzaine de février 1849 de Salignac-Fénelon.
(3) Walsin-Esterhazy (30) 231-232. Dans un rapport à Bugeaud du 24-
12-1844, il disait déjà : « L'agriculture et la vie sédentaire ne doivent pas
être oubliées dans l'énumération des moyens les plus puissants à employer
pour rappeler les Arabes à des habitudes pacifiques et les rendre dociles à
notre joug... » et il ajoutait « Admettons l'hypothèse que la propriété soit
devenue individuelle et héréditaire, que la tente soit remplacée par la maison,
en quoi leur état social différerait-il du nôtre ? »
(4) Rapport de Richard de la 2» q. de juin 1848 (N 465). Lapasset pense
de même (9) 40.