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puis la famine de 1867-1868 (1). Officiellement Crémieux dé
clara qu'il fallait donner « une satisfaction complète à l'opi
nion publique ». Aussi la colonisation passa au premier plan
des préoccupations gouvernementales reléguant dans l'oubli
l'idée impériale du Royaume arabe, si favorable à l'adminis
tration militaire.
De plus, il est incontestable que, dans les dernières années
de l'Empire, les Bureaux arabes changent de caractère, d'es
prit même. L'affaire Doineau, en 1856, les avait mis un moment
à l'index, mais ils n'avaient pas perdu pour autant leur dyna-
(1) Le capitaine DOINEAU, chef du bureau arabe de Tlemcen, fut accu
sé d'être l'instigateur de l'assassinat de l'agha des Béni-Abdallah, en sep
tembre 1856. Traduit devant la Cour d'Assises d'Oran, il fut condamné h
mort en août 1857, mais bénéficia d'une commutation de peine, puis fut gra
cié en novembre 1859. L'affaire eut un retentissement énorme et, avec la
plaidoirie de Jules Favre, défenseur d'un des accusés indigènes, elle apparut
comme le procès des Bureaux arabes. La condamnation de Doineau ébranla
un moment l'institution : des officiers abandonnèrent les affaires indigènes
et le recrutement devint d'autant plus difficile que la culpabilité de Doineau
ne paraissait pas évidente ou tout au moins pas aussi entière qu'on voulut
bien le dire. Mais la crise fut passagère. Voir surtout (47) et (123).
LE MASSACRE DE L'OUED MAHOUINE eut lieu en avril 1869 et le
procès un an après. Une caravane de sujets de la Régence de Tunis, ayant
liberté de commerce sur notre territoire, avait été attaquée à main armée
par le caïd des Brarchas et les cavaliers des goums, alors qu'elle revenait de
Tébessa sur Gafsa ; 27 personnes sur les 35 du convoi avaient péri. Le com
mandant du cercle de Tébessa. Edouard Sériziat, ancien chef du bureau
arabe d'Orléansville, fut accusé d'avoir donné les instructions pour commet
tre l'attaque. Il ne fut pas informé contre le chef du bureau arabe de Tébes
sa, le général commandant la division militaire de Constantine ayant estimé
que les faits reprochés « ne consisteraient que dans l'exécution des ordres
qu'il pourrait avoir reçu de son chef immédiat, le commandant supérieur de
Tébessa ». Le procès se termina d'ailleurs, au conseil de guerre, par un ac
quittement général, mais l'opinion publique n'en condamna pas moins le gou
vernement militaire. Voir (124).
L'AFFAIRE DU CAPITAINE TRINQUANT est d'avril 1871. Adjoint de
1" classe au bureau arabe de Sétif, le capitaine Trinquant avait reçu l'ordre
d'aller s'installer à Aïn-Tagrout pour assurer le service de la correspondance
entre Sétif et la colonne opérant dans la Medjana. On l'accusa d'avoir laissé
tomber entre les mains des indigènes révoltés un convoi de vivres dont il
avait la garde et qu'il devait transporter à Sétif. Le conseil de guerre de
Constantine acquitta Trinquant dont le procès semble avoir été déterminé
surtout par une campagne de presse. Voir (125).
En 1871, quatre journaux (le Moniteur de l'Algérie, le Tell, l'Akhbar et
l'Algérie française) furent attaqués en diffamation par le général Wolf, com
mandant la division d'Alger pour avoir reproduit un article de VEvening
Standard accusant les Bureaux arabes de maintenir « leur influence perni
cieuse au moyen d'un système de vol organisé et au moyen des insurrections
qu'ils amènent habilement... Le procès des BUREAUX ARABES DEVANT
LE JURY passionna l'opinion et se termina par un verdict d'acquittement.
Voir (126).