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testait plus tard ce don gracieux qu'il nous a fait, l'Européen
saura toujours se défendre, tandis que l'indigène aura recours
sur nous si nos droits nous étaient contestés » (1). Les ventes
furent surtout importantes chez les Ouled-Kosseïr Chéraga, dans
les villages situés près d'Orléansville et dont les habitants ser
vaient les Colons ou se livraient à diverses industries; toutefois
les vendeurs sauvegardèrent toujours leur lot urbain. Au total,
quand la commission du sénatus-consulte entreprendra ses tra
vaux, cinq ans plus tard, 2.000 hectares auront été vendus dans
la seule fraction des Ouled-Kosseïr Cheraga. Dès 1862, des vil
lages entiers comme celui de Chekalil étaient tombés aux mains
des Européens. Les terres achetées furent à peu près toujours
louées à des Arabes et l'Etat renonça ainsi à une partie consi
dérable de l'impôt d'achour en faveur de gens qui n'améliorè
rent en aucune façon les propriétés acquises.
Parmi les spéculateurs, l'un s'illustra particulièrement, le
sieur Casanova, d'Orléansville;
servi par des courtiers qui cir
culaient dans la tribu, il s'était rendu acquéreur de plus de 800
hectares dans les premiers mois qui suivirent la remise des
titres. Un moment même il monopolisa les achats et, dans la
région, on disait qu'il était le représentant d'une compagnie
achetant les terres en vue des expropriations pour cause d'utilité
publique qui seraient faites par la Compagnie du Chemin de
fer d'Alger à Oran à des prix très avantageux pour les expro
priés. Il semble bien que Casanova n'ait travaillé que pour lui-
même et nous retrouvons ce spéculateur de grande envergure
en d'autres régions où la colonisation devait chercher à établir
des centres : à Oued-Fodda, en 1868, il est acheteur d'environ
2.000 hectares avoisinant le caravansérail; dans la commune
mixte d'Inkermann quelques années plus tard il possède 1.800
hectares qu'il loue à des Indigènes ou qu'il laisse en friches; et
il est probable qu'il ne s'agit pas là de la totalité de ses biens (2).
(1) G. Orléansville 2» T. 1862 et août 1862.
(2) G. I « Colonisation 1845-1877 », Lettre du Gl Ct la subdivision de Mi
— liana au Gl Ct la Province d'Alger (21 août 1868) G. 25 L, dossier 37 : Pro
— cès-verbaux du Conseil de Gouvernement (8-11-1877) D.A. Colonies agri
coles : Commissaire civil au préfet le 17-2-1860.