L 108, C

— A
LES MAISONS
« C'est une grande et belle pensée, écrit Montgravier, en
1850, que d'avoir rattaché le perfectionnement physique, moral
et intellectuel de la race arabe à sa fixation au sol; d'avoir com
pris que la substitution de la maison à la tente était le premier
milliaire de la voie de la civilisation... » (1). Ainsi, en bâtis
sant, non seulement on assure la sécurité mais on civilise. Ce
n'est pas uniquement une opération de police,
humanitaire.
c'est une œuvre
On se passionna pour cet idéal, pour cette mode dirent
les adversaires. Chaque chef de bureau arabe devint un bâtis
seur et pendant dix à douze ans surtout (jusqu'en) 1858 environ),
l'Algérie, et en particulier notre région, connut une véritable
fièvre de la construction. L'émulation s'établit entre les divers
cercles : il fallait absolument « avoir plusieurs chefs de tribus
de son commandement en train de faire construire; un tel qui
en avait huit ou dix était un homme bien plus remarquable que
celui qui n'en avait que deux ou trois ». (2). Les ennemis du
régime militaire parlèrent du désir d'éblouir, des millions jetés
de la poche des Indigènes dans celle de l'industrie et du com
merce algériens . (3) On vit alors surgir, et en nombre, les édifices
les plus divers : maisons de commandement, constructions d'uti
lité publique, maisons particulières, dont nous allons mainte
nant essayer de préciser les caractères et l'importance.
I. —
LES
MAISONS DE COMMANDEMENT
Leur conception, toute militaire, semble appartenir au
Gouverneur Général Charon et se rattache à la doctrine de la
(1) Montgravier (1) 2" lettre p. 15,
(2) Hugonnet (6) 136.
(3) A. Duvernois (59) 69 ; critique d'autant plus curieuse que le même
accuse les Bureaux Arabes d'être hostiles à tout ce qui touche aux civils.