La guérison autochtone au Canada - Fondation autochtone de ...
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Joseph P. Gone<br />
répondons <strong>au</strong>x besoins <strong>de</strong>s quatre dimensions. Et voilà en quoi je crois [pour ce qui est <strong>de</strong><br />
la signification] <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong> dans le plein sens [du] mot.<br />
Pour ce conseiller, l’incitation culturelle à traiter les quatre aspects <strong>de</strong> la personne est unique <strong>au</strong>x milieux<br />
<strong><strong>au</strong>tochtone</strong>s. Par ailleurs, un <strong>au</strong>tre membre du personnel a expliqué pour quelle raison l’expérience unique<br />
à laquelle les Autochtones ont été soumis par suite <strong>de</strong> la colonisation eurocanadienne a exigé le recours à ce<br />
type d’approche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> :<br />
[traduction] Bien, en fonction <strong>de</strong> nos gens, je pense que leur <strong>guérison</strong> se doit d’être<br />
différente [<strong>de</strong> la <strong>guérison</strong>] <strong>de</strong> la société dominante, parce qu’il y a eu tellement <strong>de</strong> [torts]<br />
faits à notre peuple à travers l’histoire que c’est important pour la <strong>guérison</strong> d’être distincte<br />
et unique. Et dans le cas <strong>de</strong> notre peuple, parce qu’il y a sa culture, c’est là le fon<strong>de</strong>ment sur<br />
lequel on doit l’ai<strong>de</strong>r à guérir. Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> nos gens, croit-on, ont été endoctrinés. On leur<br />
a fait croire que leur culture, leurs pratiques traditionnelles, étaient condamnables. Et je<br />
me rappelle dans les pensionnats ils nous appelaient <strong>de</strong>s s<strong>au</strong>vages, <strong>de</strong>s païens, ils utilisaient<br />
ces mots-là. Et ils ont voulu faire <strong>de</strong> nous ce qu’ils appelent... [<strong>de</strong>s hommes blancs]. C’est<br />
pourquoi il y a ces paroles prononcées par le chef Sitting Bull qu’<strong>au</strong>x yeux du Créateur, je suis<br />
bon. C’est le Créateur qui m’a fait tel que je suis, pourquoi est-ce que je voudrais changer?<br />
Et c’est, plus ou moins, dire qu’on ne peut pas changer un aigle en corneille... En plus, pour<br />
nos gens, la langue maternelle, c’est le cri et la langue secon<strong>de</strong>, l’anglais. Donc souvent quand<br />
notre personnel s’adresse <strong>au</strong>x clients, ils leur parlent en cri, ils les conseillent en cri. C’est<br />
pourquoi c’est unique et différent (Administrateur).<br />
Ainsi, la <strong>guérison</strong> <strong><strong>au</strong>tochtone</strong> a été définie <strong>de</strong> façon particulière comme un cheminement nécessitant <strong>de</strong>s<br />
mesures thérapeutiques uniques « axées sur les quatre dimensions » <strong>de</strong> la personne, chacune d’elles étant la<br />
manifestation d’une approche plus globale fondée sur la reconquête culturelle. Par ricochet, une reconquête ou<br />
une renaissance <strong>de</strong> cet ordre contribuerait à favoriser la <strong>guérison</strong> grâce à l’i<strong>de</strong>ntité tribale et à la fierté culturelle<br />
renouvelées. Une fois « ce monstre appelé i<strong>de</strong>ntité » assujetti (réglé), il s’ensuivrait un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie plus sain.<br />
Un <strong>de</strong>s administrateurs a décrit sommairement le lien entre l’i<strong>de</strong>ntité et le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie : [traduction]<br />
« Parce que je crois, et personne n’a réussi à me faire changer d’idée, qu’une personne sachant qui elle est,<br />
ce à quoi elle est <strong>de</strong>stinée, prend <strong>de</strong>s décisions positives quant à son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie. » Fondamentalement, la<br />
<strong>guérison</strong> a été décrite comme un processus <strong>de</strong> transformation existentielle positive découlant d’activités et<br />
<strong>de</strong> perspectives qui relient le « moi » imparfait et vulnérable à un but plus prometteur et mobilisateur. On a<br />
pris pour hypothèse qu’un tel but serait propre à favoriser un engagement significatif dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Quant <strong>au</strong>x activités et <strong>au</strong>x approches, la volonté du personnel du PCC d’opter pour une approche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong><br />
intégrée et holistique en s’inspirant <strong>de</strong>s traditions conventionnelles et <strong><strong>au</strong>tochtone</strong>s a semblé bien répondre<br />
<strong>au</strong>x besoins <strong>de</strong> facilitation <strong>de</strong> la démarche comme nous l’avons décrite précé<strong>de</strong>mment. Cependant, il f<strong>au</strong>t<br />
se rappeler que ce portrait sommaire <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong> repose sur une synthèse <strong>de</strong> nombreuses perspectives et<br />
expériences — <strong>au</strong>cune personne interviewée dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> n’a décrit la <strong>guérison</strong> d’une façon<br />
si concise ou complète. Dans une certaine mesure, la <strong>guérison</strong> est restée un concept particulier et ambigu,<br />
les répondants évoquant <strong>de</strong>s caractéristiques qui reflétaient leur propre expérience personnelle et parfois<br />
professionnelle. Par ailleurs, il y a eu une <strong>au</strong>tre signification <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong> perçue implicitement et appliquée<br />
<strong>de</strong> manière latente <strong>au</strong> PCC, comme à presque toutes les personnes impliquées, que ce soit <strong>de</strong>s clients, <strong>de</strong>s<br />
conseillers ou <strong>de</strong>s administrateurs. Dans l’esprit <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième signification, la <strong>guérison</strong> a été indicatrice <strong>de</strong><br />
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