Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE.PRESS REVIEW.BERHEVOKA ÇAPÊ.RwISTA STAMPA.DENTRO DE LA PRENSA.BASIN ÖZETi
lA CROIX L'ÉVÉNEMENT- 22janvier 1994
100
Ankara exerce
des pressions
avant les
élections
municipales
C
inq
députés d'origi,ne
kurde sont _en mauvaise
posture en Turquie. TIy a
une vingtaine de jours, la commission
judiciaire de l'Assemblée
nationale, à Ankara, a voté
la levée de leur immunité parlementaire.
Pour être exécutive,
la résolution devra être adoptée
en séance plénière par le Parlement.
Ils seront alors passibles
de la peine capitale.
Ahmed Türk, Hatip Diele,
Leyla Zana, Mahmud Alinak et
INTERVIEW
Patrick Devedjian
Député RPR
Avec plusieurs députés
de la nuijorité et de l'o~
position, vous demandez
la création, à l'Assemblée
nationale, d'un groupe
d'étude consacré à la question
kurde (1). Pourquoi?
Patrick Deved,jian : Com- ,
ment expliquer que les Palestiniens,
qui sont 4 milJions, puissent
disposer d'un Etat, et pas
les Kurdes, qui sont 25 millions?
Les Kurdes constituent
aussi un peuple.lls ont leur langue,
leur histoire, leur culture
et leurs traditions. TIest impossible
de le nier. Petit à petit, la
communauté internationale
doit s'habituer à ce que lesKurdes
soient écoutés et considérés
dans leur identité ..
- Pourtant, la France a in-
.terpellé, en novembre der.
nier, une vingtaine de mili.
tants kurdes.
- Je reconnais aux militants
kurdes le droit d'agir, mais padfiquement.llsdoivSlnt
respecter
la neutralité de l'Etat fran~s
et ne pas nuire à ce dermer.
C'est une obligation qui s'im.
pose 4 tous les réfugiés politiques.
A l'inverse, il est in~n-
Orhan nogan sont accusés
d'avoir violé l'a.l'j;ic!e 125 du
Code pénal qui punit les « atteintes
gravesà l'intégrité territoriale
de la patrie et à l'unité de
la nation ». « On me reproche
d'affirmer la réalité kurde dans
le pays et de demander une solution
démocratique aux revendications
de mon peuple ", explique
Ahmed Türk, un grand
propriétaire terrien originaire
de Mardiri, au sud-est de la Turquie,
de passage à Paris.
Les cinq députés appartiennent
au Parti de la démocratie
(DEP)quicompte 17 élus àl'Assemblée
nationale, tous kurdes,
et qui a repris le flambeau du
HEP, une formation dissoute
en 1993 pour son militantisme
prokurde. Le DEP a décidé de
participer aux élections municipales
qui se dérouleront le 27
mars prochain ~n Turquie. A
cette occasion, les autorités ont
enjoint aux principaux partis
turcs, qui se livreront une bataille
sévère dans le reste du
pays, de s'unir dans un front
anti-DEP dans le Sud-Est où la
population est majoritairement
kurde.
La menace qui pèse sur Ahmed
Türk et ses collègues est à
replacer dans ce contexte électoral.
Le DEP et le Parti des
travailleurs du Kurdistan
(PKK), guérilla sécessionniste '
qui exerce une forte influence
sur certains députés kurdes,
ont fait ~u scrutin municipal un
test de leur implantation dans
les provinces à population
« La France doit respecter
scrupuleusement le droit d'asile »
Paris. Le 19 novembre 1993, les Kurdes manifestaient devant
Notre-Dame. (P1wto Georges Bendrihem/AFP.)
sable que les démocraties
respectent scrupuleusement le
droit d'asile. Un commiR.curire
de police français aurait, a-t-on
dit, communiqué à la police turque
une liste d'opposants kurdes
vivant en France. Si cela est
avéré, c'est profondément inacceptable
et ce policier doit être
puni. Je demande et j'attends
des éclaircissements sur cette
affaire.
- Que peuvent faire des députés
français?
- Le problème kurde est complexe.
TImet en cause plusieurs
Etats. La définition d'une autonomie
kurde est délicate. Mais,
notamment en Turquie, les
Kurdes subissent une répression
extrêmement sauvage.
Une rép~ion faitedet0rtures.
et de massacres. Ces exactions,
ces atteintes aux droits de
l'homme doivent être condamnées
par l'ONU, comme par les
démocraties et leurs parlementaires.
La Turquie veut rentrer dans
la Communauté européenne.
Elle doit savoir qu'elle ne le
peut que si elle est une démocra.
tie. Or, elle ne l'est pas. La démocratie
se mesure, entre autres,
à l'attention portée aux
minorités.
- Mais, à Paris, le bureau de
l'Assemblée nationale ne veut
pas d'un groupe d'études sur
la question kurde.
- Moi, je persiste à demander
la création d'un tel groupe. Et je
dis au bureau de l'Assemblée
qu'on doit faire pour les K~'
kurde. Ankara n'est pas dupe et
a pris l'offensive. « Le pouvoir a
décidé qu'il n'y aura pas de bu- .
reau de vote dans chaque village,
obligeant les habitants à se
déplacer là où les milices pro- '
gouvernementales sont plus'
fortes, s'indigne Ahmed Türk.
Des soldats seront en outre présents
dans tous les bureaux de
vote. ».
Le DEP demande l'envoi
d'observateurs internationaux
pour surveiller le scrutin. Jeudi,
les ministres des affaires étrangères
britannique et allemand,
en visite à Ankara, ont invité la
Turquie à lutter contre le terrorisme
« dans le respect de la
démocratie ».
Jean-ChristophePLOQUIN
c~ qui a été fait pour les Palestimens.
- Condamnez-vous le fait
que la France vende des hélio
coptères militaires à la Turquie?
- TIest normal que la France
fasse ses affaires. Si elle ne le'
fait pas, d'autres États se char-:
geront de la remplacer. Ir
convient de ne pas sombrer'
dans l'angélisme.
Recueilli par
Antoine FOUCHET
(1) Patrick. Devedjian a ainsi répondu
positivement à une campagne
lancée, le 9 déœmbre dernier,
par plusieurs organisations françaises,
dont la Cimade et « Agir ici ".
D'autres députés plaident pour un
tAllgroupe: Michel Bouvard et Jean-
Pierre Delalande (RPR); Pierre Hérisson,
Michel Pelchat et Yves Rousset-Rouard
(UDF); Julien Dray et
Martin Malvy (PS); Gérard Sau.
made et Aloyse Warhouver (République
et liberté); Alain Bocquet
(PC).
Queles
députés
français
"
.forment
un groupe
depression