Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETÎ
KUlIDlSTAN
IRAKIEN
Indépendance sous
haute protection
Enfin reconnu par la communauté internationale, le peuple
kurde se met à rêver d'un pays libre, démocratique
et indépendant ... à l'image du Kurdistan irakien. Protégé
par l'ONU, celui-ci vient en effet de vivre ses deux premières
années de "relative indépendance". I.;espoir renaît pour une
partie des Kurdes qui tentent de reconstruire leur pays.
Au sommet d'un chemin de terre
escarpé, Jalal s'arrête pour
indiquer où était, jadis, son
village. J'ai peine à le croire
lorsqu'il désigne quelques
modestes pierres sur un vaste terrain
plat. On ne peut pas trop s'en approcher,
car, prévient-il, le terrain est miné.
Comme des centaines d'autres, son
village, situé dans la tristement célèbre
région d'Halabja, a été "détruit par
l'armée de Saddam Hussein".
Revenir sur ces lieux quittés à la hâte
plusieurs années plus tôt pour prendre
le chemin de l'exode, est une épreuve
terrible pour mon compagnon kurde.
En contrebas, quelques hommes creusent
la terre avec énergie. Le silence est
de rigueur, les visages sont durs et marqués
par les épreuves. Certains ont les
larmes aux yeux. Ces hommes, amis de
Jalal, creusent dans l'espoir de retrouver
les restes des corps de leurs
proches. L'un d'entre eux s'explique à
voix basse : "Lors du hmnhardement
de notre l'illage à l'arme chimique. en
198R. nous avons enterré rapidemeIlt
nos morts. avant de prendre la fuite.
Aujourd' hui nous rel'enons pour leur
offrir une sépulture décente".
LES KURDES N'OUBLIERONT
PAS LES EXACTIONS SUBIES
Un enchevêtrement de squelettes, une
bonne vingtaine, apparaît soudain. Un
hurlement brise le silence. Pas besoin
d'interprète pour comprendre: cet
homme qui crie sa détresse a reconnu
les restes de sa femme. Il vient de
l'identifier grâce aux bagues qu'elle
portait aux doigts. L'émotion est trop
forte pour cet homme brisé, que ses camarades
doivent soutenir un moment.
Plus tard, nous l'aidons à se rendre au
cimetière des martyrs, qui vient de voir
le jour, à quelques centaines de mètres
de là. Le recueillement est profond.
"Nos morts sont Ilotre
mémoire. et jamais
1l0US Il'ouhlierons les
horreurs commises par
Saddam Hussein et Ali
Hassan Al-Meguid . .1'011
cOllsin. surnommé' le
houcher du Kurdistall' .
Un jour. flOUS espéroll.\
qu'ils comparaÎtrol/t
devallt un trihunal internatiol/al
et seront
condamnés pour crimes
cOlltre /' humanité."
Avec Jalal, nous nOlls
éloignons discrètement
du village en marchant
au milieu du sentier
afin d'éviter les mll1es.
Nous entendons encore
les chants "urdes, entre-
coupés de pleurs, qui s'élèvent du cimetière.
Le long des routes. des gargottes se
sont ouvertes. Certains villages se reconstruisent,
patiemment, avec la population
restante. Jawila. par exemple, ne
compte aujourd 'hui que quelques centaines
d'habitants sur les douze mille
qui y vivaient autrefois. Ces villages
n'ont pas d'électricité et l'eau fait souvent
défaut. "Le ITai prohlèflll'. précise
Jalal, Cl'.lfil/t II'S mil/l'\ Lluisol/f I)arrout.
Chaque jour I/OUS el/telldol/s Ul/l' nplo.
sion. Par/fiis, CI' 1/ 'l'st (/u'ul/e chhTe.
mais il arri\'l' Llue CI' .\oit t'/(I/ dl'
1l01ls..." Tous les chemins sont bordés
de barbelés supportant dïnnombrahks
pancartes "danger de mort: milles"
avec l'effigie d'ulle tète de mort.
UNE PAIX ENCORE
BIEN PRECAIRE
Beaucoup de Kurd,'s préf0rent vine
sous les tentes de 1'0\l:. même ~i 1.1
promiscuité est difficilement supppr.
table. D'autres rejoignent les banlicues
des grandes villes. [)an~ ces hidon
villes, ils ne risquent pas de sauter sur
une mine et héndï,'ienl de l'aide des
Organisations non g()uveIï1ementak~.
nomhreu~es au Kurdi~lan. Grùce :1 elk~
on ne meurt pas de faim au Kurdistan ,'I
on ne con~tate yue tr0~ l't:U de maladies
liées it la malnutritioll.
Presqu,' deux ans apre~ avoir acc0tk :1
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