Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RWISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
La terreur au service du nationalisme
Poussés par la répression vers le PKK, les Kurdes de Turquie manquent
d'une voix modérée pour faire entendre leurs revendications
ISTANBUL
de notre correspondante
LE Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK) est-il
un mauvement de Iibératian
défendant les draits
légitimes des 10 à
12 millians de Kurdes de Turquie
au simplement, camme l'affirment
les autarités turques et certains
gauvernements accidentaux, une
arganisatian terrariste aux
méthades brutales et extrémistes?
Paur mieux camprendre le
PKK, il faut remanter à ses arigines
dans les années 70, la
périade traublée au caurs de
laquelle près de 5 000 persannes
ant trauvé la mart en Turquie,
victimes des cambats entre la
gauche et la draite au des rivalités
entre plusieurs dizaines de factians
d'extrême gauche.
Abdullah Ocalan, dirigeant
autacratique du PKK depuis sa
fandatian (I), était alars étudiant
à la faculté des sciences palitiques
d'Ankara et membre du mauvement
de la Jeunesse révalutiannaire
(Devrimci Genç). « Je me
souviens d'avoir été arrêté au cours
d'une rafle avec plusieurs dizaines
d'autres militants de gauche,'
Abdullah Dcalan était parmi eux,
racante un ancien maaïste. Personne
ne le .prenait au sérieux.
pour nous il n'était qu'un rustre. »
Cette difficulté à s'impaser dans
les milieux intellectuels a peutêtre
paussé Abdullah Ocalan, au
Apo., né à la fin des années 40
dans une famille pauvre de la pravince
de Sanliurfa, à se démarquer
de l'extrême gauche turque, qui
appuyait uniquement les revendications
des Kurdes dans (e cadre
de' rrsolutions révolutionnaires»
s'appliquant à l'ensemble du pays,
paur embrasser la cause du natIonalisme
kurde, fartementteinté de
marxisme-léninisme. Le mauvement
séparatiste kurde n'est pas
né dans les mantagnes du Sud-Est
anatalien, aù il est le mieux
implanté actuellement, mais à
Ankara, aù, dès 1974, eurent lieu
les premières réunians de ce qui
allaIt devenir le PKK. Ce n'est
cependant que vers la fin des
années 70 que les «Apo-istes)) -
camme an disait à l'épaque -
cammencèrent à faire parler d'eux
en se lançant dans la prapagande
armée au sud-est du pays, éliminant
au passage des arganisatians
rivales.
Le 15 aaût 1984, date de deux
attaques ayant causé la mart d'un
afficier et d'un saldat dans les
pravinces de Siirt et Hakkari, est
généralement cansidéré camme le
véritable début de la lutte armée
du PKK. Depuis lars, les affrantements
se sant paursuivis, de plus
en plus fréquents, entraînant la
mart de plus de 5 600 persannes,
da nt près de 2000 en 1992, une
année particulièrement meurtrière.
Le refuge
des deshérltés
Le gauvernement turc attribue
la transfarmatian du PKK de petit
groupuscule marxiste en une arganisatian
puissante menaçant
l'unité de l'Etat turc à ('assistance
de gauvernements étrangers tels
que la Syrie - aù Ocalan et ses
callègues se sant installés après le
caup d'Etat de septembre 1980, -
l'Irak et l'Iran, ainsi qu'au sautien
financier des réseaux de Kurdes
exilés en Europe, ce qui lui permet
d'affirmer que le séparatisme
kurde est un problème extérieur à
la Turquie.
La palitique répressive de l'Etat
turc a également cantribué largement
à pausser les habitants du
Sud-Est anatalien - paysans déshérités
paur la plupart, explaités
dans une société tribale et féadale
et laissés-paur-campte du baam
écanamique des années SO - dans
le camp du PKK. Sans espair d'un
avenir meilleur, harassés quatidiennement
par les farces de sécurité
qui semblent vair en chaque
Kurde, armé au han, un ennemi
patentiel, de nambreux jeunes,
garçans au filles, chaisissent de
«partir vers les montagnes)) paur
rejaindre les rangs du PKK.
Le soutien
syrien
L'idéalagie du PKK, mal défi.
nie, n'a finalement qu'une impartance
secandaire. Le marxisme,
parfais additianné d'une dase d'islam,
qui semble la canstante de la
palitique d'Apa n'est pas ce qui
attire les jeunes recrues à la
recherche d'un avenir meilleur.
L'établissement d'un Etat kurde
indépendant semble le but ultime
du PKK, même si la pasitian de
san dirigeant fluctue entre l'idée
d'une fédératian avec la Turquie
et la libératian de la totalité du
territaire kurde, aujaurd'hui
divisé entre la Turquie, la Syrie,
l'Iran et l'Irak.
En navembre 1991, lars d'un
entretien avec Ismet Imset, jaurnaliste
turc auteur d'un récent
auvrage, PKK : rapport sur la violence
terroriste en Turquie, Ocalan
admettait que les massacres de
civils - femmes et enfants de
« callabarateurs», instituteurs
turcs - avaient été une erreur et
affirmait que san parti avait rejeté
ces méthades. Paurtant, les attaques
cantre les miliciens pra-gauvernementaux
et leurs familles ant
repris de plus belle en 1992.
Ces actians meurtrières, qui ternissent
l'ima~e des Kurdes à
l'étranger, ainSI que la pressian de
la TurqUIe et l'influence grandissante
du PKK auprès de la populatian
du nard de l'Irak ant poussé
les Kurdes irakiens à utilIser la
farce paur délager les rdilitants
séparatistes de leurs bases dans
cette régian. « Ils nous ont trahis.
Nous les avons aidés pendant quatre
ans, mais ils ont dévoilé nos
secrets à Saddam Hussein, )) déclarait
Masaud Barzani, le dirigeant
du Parti démacratique du Kurdistan,
à la BBC.
La présence de nambreux
Syriens - près d'un tiers -parmi
les I 500 à 2000 militants du
PKK qui ant été farcés de quitter
leurs bases à la frantière turca-irakienne
en navembre après la
signature d'un accard entre leur
arganisatian et les Kurdes irakiens
prauve que le PKK dispase d'un
Impartant sautien papulaire nan
seulement au sud-est de la Turquie,
mais également au sein de la
minarité kurde de Syrie.
En huit ans, le PKK s'est
impasé camme le principal représentant
de la cammunauté kurde
de Turquie et un des facteurs
majeurs qui ant farcé les autarités
turques à se pencher sur leur prablème.
Mais ses méthades meurtrières
sant é~alement un abstacle
de taille à I établissement d'un
dialague entre les Kurdes et
Ankara, qui ne veut pas avair l'air
de céder à la pressian du terrarisme.
Le gauvernement turc n'a pas su
explaiter ce mament de faiblesse
du PKK paur tenter de recanquérir
la papulatian du Sud-Est.
Caincés entre l'appressian de
l'Etat turc et l'extrémisme du
PKK, les Kurdes de Turquie sant
taujaurs privés d'une vaix madérée.
NICOLE POPE
(I) En exil depuis 1980, Abdullah Oca-
Ian continue de diriger son organisation à
distance et d'une main de fer, sans tolérer
les dissensions. Loin de s'avouer vaincu, il
annonce d'ores et déjà une année «de
lUlie, partout ». Son but en 1993 : attaquer
les ré.8ions touristiques en priorité, afin
d'« assécher les ressources jinancières de
l'Etat turc ».
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