Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE~PRESS REVIEW~BERHEVOKAÇAPÊ~RIVISTA STAMPA~DENTRO DE LA PRENSA~BASIN ÖZETi
Sulefmani,
correspondance particulière.
L ' ES iostitutrices de l'école
primaire Zargata de Suleimani
sont rassemblèes
dans la petite salle des professeurs
autour du seul poêle en
état de marche. l'une d'elle
montre ses chaussures en plastique:
« Nous sommes tous logés.
à la même enseigne. En plein
hiver certains enfants arrivent.
sans' chaussettes et avec des
chaussures comme les miennes.
Entre décembre et mars, la température
est ~n dessous de zém:
Il n'y a pas de chauffage dans
les classes, pas d'électricité
L'UNICEF a bien distribué du
. pétrole, mais la plupart de nos
poêles ne fonctionnent plus et
, nous n'avons pas les moyens de
les réparer. »
Dans cette école où, faute de
structures d'accueil suffisantes,
. 850 élèves se succèdent en deux
groupes, un le matin, un
l'après-midi, les enseignants ont
du apprendre le système D.
Reconstruction
difficile
MER
'pensait ne pas pouvoir se passer.
Une famille de Kirkouk, réfugiée
à Suleimani et vivant avec
120 autres familles depuis bientôt
trois ans dans un hôtel à
moitié détruit, ne se nourrit
plus que de pain depuis l'automne.
Un médecin de l'Association
médicale internationale
confirme de nombreux cas de
carences, rares jusqu'. à présent
IURSSI
300 km
I
au Kurctistan.Certains réfugiés
ont arrêté d'envoyer leurs enfants
à l'école car ils ne pouvaient
plus lès habiller décemment.
Même si les efforts engagés'
sont immenses, on ne reconstruit
pas en un jour les milliers
de villages détruits pendant
« l'enfal » (opération de destruction
systématique des villa-
Remeubler les bâtiments pillés
pendant l'exode, trouver du
matériel (papier, crayons, livres),
convaincre des parents démunis
d'envoyer leurs enfants en
classe, faire jouer la solidarité
en sollicitant des parents plus
riches ou en lançant une souscription
: les institutrices se
sont engagées à fond dans ce
qu'elles considèrent comme leur
contribution à la reconstruction
du Kurdistan. « On vient ici
pour résister, pas pour le salaire.
Notre salaire ne suffit pas
pour acheter une paire de
chaussures. » Un professeur de
collège ou de lycée touche
.300 dinars par mois (l'équivalent
de 30 francs) alors qu'un
kilo de viande coûte entre 70 et
I00 dinars (contre 2 ou 3 dinars
avant la guerre du golfe),
un kilo d'huile, 40 dinars
(moins d'un demi-dinar avant la
guerre). C'est ainsi que l'on voit
des particuliers vendre leur maison
ou une partie de leur mobilier,
leurs vêtements, leurs livres,
les jouets des enfants, etc.,
pour gagner de quoi survivre
quelques mois de plus. On ne.
cherche pas à envisager l'avenir
au-delà.
Dans le Kurdistan auto-'
nome (I), protégé depuis l'exode
de 1991 par la présence militaire
des alliés, il a fallu Discussion dans un bureau de vote de Dohuk lors de "élection
renoncer à .deschoses dont on du Parlement autonome en mai 1992. .
. ges kurdés lancèe par le gouver~
nement irakien en 1988 : de
4.000 à 5.000 villages détruits
et leur population déportée.
180.000 disparus). De nombreuses
ONG kurdes ou occidentales
s'activent sur le terrain
pour reconstruire des villages
entiers dont il ne restait hier
que les traces des fondations.
Faute de moyens financiers et de
ciment - les deux usines de Su-
]eimani, endommagées pendant
la guerre, fonctionnent au ralenti
- le gouvernement kurde
et les ONG ont du mettre en
place des camps de tentes ou de
. préfabriqués pour les réfugiés.
C'est le cas des villes de Saïd
Saddeq, près d'Halabja, ou de
Shanadari, complètement rasées
pendant l'enfal. Le long de la
route qui passe à travers les ruines
de Shanadari, quelques boutiques
en parpaings, maigrement
fournies constituent la
seule possibilité d'approvisionnement
pour les 30.000 habitants
du camp.
Le poids
de l'embargo
Anciens habitants de Shanadari
ou réfugiés des zones sous
domination irakienne, ceux-ci
vivent depuis' 1992 sous des tentes
qui sont fournaises l'été et
glacières l'hiver. la température
variant dans cette région de
- 20°C à + 40 ou 45 oe. Une
femme du camp montre le dénuement
dans ]equel elle vit
avec ses enfants depuis l'exode:'
une tente où s'empilent les couvertureset
les matelas pour dix
personnes. un réchaud dans un
coin, un bidon d'huile transformé
en pot à eau (que l'on va
chercher à cen t mètres de là) et
quelques ustensiles de cuisine .
Tout en faisant cuire son pain,
elle raconte qu'elle préfère vivre
dans cette misère, mais libre,
que soùs le joug de Saddam
Hussein. « Je souhaite seulement.
que Barzani et Talabani (2) res-.
tent unis parce que c'est notre
seule chance de faire face à Saddam.
Je suis prête à tout supporter,
le principal c'est d'être
libre. Si seulement vous leviez
l'embargo, notre situation
pourrait s'améliorer. Nous ne
sommes pas responsables des cri-'
mes de Saddam. » Cette phrase,
revient comme un leitmotiv
dans le discours des Kurdes,'
d'autant que le maintien de'
l'embargo crée une situation
propice à des trafics en tous
genres.
184