Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETÎ
rent pas non plus se rendre dans leur circonscription. 17
d'entre eux risquent d'ailleurs de perdre dans les semaines
à venir leur mandat et de comparai'tre pour haute trahison
devant les cours de sûreté d'Etat, pour «propagande séparatiste»,
c'est-à-dire pour délit d'opinion. Ds seront passibles
de la peine de mort, conformément à l'article 125 du
code pénal turc. Le gouvernement turc cherche ainsi à
étouffer, dans l'indifférence d'une opinion publique internationale
polarisée par la guerre en Bosnie, la voix des derniers
tenants kurdes d'une alternative démocratique et pacifique,
pour mieux réduire la question des droits nationaux
de quinze à vingt millions de Kurdes de Turquie à celle du
combat contre un PKK «terroriste» et diabolisé. Ce combat
lui sert d'alibi pour mener à bien sa politique de dépeuplement
et de destruction du Kurdistan.
Nul ne doit s'y tromper. Sous prétexte de la lutte contre le
terrorisme, la Turquie met à profit une conjoncture internationale
particulièrement favorable pour réaliser son grand
dessein de «recomposition ethnique». Après le génocide
des Arméniens, perpétré en 1915, après l'expulsion de
1 200 000 Grecs d'Anatolie dans les années 20, le moment
lui semble venu de forcer la demière communauté autochtone
du pays à quitter ses terres ancestrales pour aller se diluer
dans la population turque d'Anatolie et s'assimiler au
bout d'une ou deux générations, parachevant enfm la «turquisation»
de la Turquie. Dans sa fameqse lettre à Demirel,
le président Ozal affirme clairement que la poursuite de la
politique actuelle d'évacuation et d'exode conduirait à ce
que, dans un avenir proche, il ne reste plus que «de 2 à 3
millions de personnes dans cette région », transformée ainsi
en parc naturel et en réserve d'indigènes, vidée de ses élites,
de son identité, de sa substance. Dans ce contexte, le PKK,
par son idéologie, ses exactions et ses méthodes brutales,
est pour Ankara un alibi commode, «un ennemi en or»,
pour reprendre les termes d'un éditorialiste du quotidien
Hürriyet. Si le PKK n'avait pas existé, les Turcs l'eussent
sans doute inventé, pour mener à bien leur grand dessein de
recomposition ethnique.
Reste à savoir si un pays comme la Turquie, ayant une
dette extérieure parmi les plus élevées du monde (67 milliards
de dollars), une économie très.vulnérable avec un
taux d'inflation de plus de 70%, tributaire des revenus du
tourisme et des crédits occidentaux, peut avoir les moyens
d'une politique aussi ambitieuse. En 1993, la guerre aura
coûté au moins 50 milliards de francs au budget turc (6). Le
budget militaire de 1994 sera officiellement quatre fois plus
élevé, soit environ 40% du budget de l'Etat.
L'enjeu est loin d'être local. Vivant à cheval sur quatre
frontières importantes dans une région hautement stratégique,
recelant les principales ressources hydrauliques et
une part appréciable de gisements pétrolifères du Proche-
Orient, les 30 millions de Kurdes constituent un facteur essentiel
de la paix et de la stabilité en Asie occidentale. Sans
un règlement honorable de leur problème, il n'y aura pas de
paix ni de stabilité dans cette région. Ils ont autant, sinon
plus, que n'importe quel autre peuple de la région de titres
à avoir une patrie, un Etat à eux. A défaut d'un Etat, pour
cause de Realpolitik. la communauté internationale devrait
agir pour leur garantir, au moins dans un pays comme la
Turquie, membre de l'Otan, du Conseil de l'Europe et aspirant
à adhérer à la CE, leurs droits culturels et nationaux
élémentaires, théoriquement garantis par la charte de Paris.
Le pesant silence actuel de l'Occident face à la guerre du
~urdistan, s:ajoutant aux récentes e~ spectaculaires opératIons
des polIces allemande et françaIse dans les milieux du
PKK, est interprété et présenté par la Turquie comme un soutien
politique, avec d'autant plus de force qu'Ankara continue
de bénéficier d'une aide fmancière et militaire substantielle
de plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis et
l'Allemagne, mais aussi de la France. Cela n'est hélas pas
sans rappeler aux Kurdes les douloureux souvenirs d'une
époque, bien récente, où leur bourreau de Bagdad jouissait
de l'aide multiforme de l'Est et de l'Ouest. Fort du feu vert
de ses alliés, le gouvernement turc s'engage désormais à
fond dans la guerre, refusant toute réforme, tout dialogue.
* Président de l'Institut kurde de Paris
(I) Sur l~s «plus de JOO000» arrestations recensées par le quotidien turc
Cumhunyet du 12 décembre 1989. plus de 85 % concernent les militants
kurdes. Les sources kurdes évaluent à 140 000 le nombre de Kurdes arrêtés
ou gardés à vue (pendant plus de trente jours) après le coup d'Etat
militaire de 1980.
(2) Foreign Affairs. novembre 1993.
O)TurkishDailyNews, 18novembre 1993.
(4) Turkish Dailv News. 16 novembre 1993.
(5) Voir «Lice. {,ille interdite ». Libération du 7 décembre 1993.
(6) Hürriyet du 28 octobre 1993.
5 PKK militants killed in clashes
Turkish Daily News
ANKARA- Five militants of the outlawed Kurdistan
Workers' Party (PKK) were killed Monday in two separate
clashes in Turkey's southeast Anatolia region. .
Troops clashed with militants of the separatist PKKorganizatlOn
in Erzurum and Mardin.
According to the statement from the office of the emergency
rule governor, one of the terro,;sts was killed in a
clash with security forces near the town of Nusaybin in the
province of Mardm.
Erzurum Governor Oguz Bereberoglu told the Anatolia
news agency that four otner terrorists were killed during an
operation carried out by security forces near the town of
Tekman in the province of Erzurum.
Acting on a tip, troops killed four terrorists, one of whom
was a Syrian national and two of whom were women, following
a two-hour clash.
They also seized four Kalashnikov rifles and a large
number of bullets and cartridges from the clash.
Securil¥ forces arrested one terrorist in Mus and caught
13 others In Diyarbak1r. Ten of these suspects were arrested
upon the order of the court.
Newspaperownerbanned
from leavingTurkey
Kaya was to travel for !PI meeting
Turkish Daily News
ANKA.RA- ..The State Security Court (DGM) this week banned
pr~-Kurdlsh Ozgür 9ündel!l newsraper owner Y~ar Kaya from leaVIng
the coun!I)', Just pnor to ills scheduled departure to Cape
Town, South Afnca. .
Kaya, who had planned to attend the general assembly meetino
of the International Press Institute (IPI), where press freedoms and
state pressure on media was to be debated, will not be able to travel
abrQad following the ban issued by the Ankara DGM.
Özgür Gündem has been accused of supportino the outlawed
Kurdistan Workers' Party (PKK), and has frequentfy been the targe.tof
systematic armed attacks, in~ludin¥ bombings, since the coalitiOn
government assumed power In 1991.
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