Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Après l'assassinat de quatre Kurdes en 1992 à Berlin
ill Les « oublis »
BERLIN:
............ PICAPIR
des RG allemands
L'ombre de TélJérllDpllll1epl//6 que jllDl8ÎS sur le procès Deure de l'attentat,
ourert sur fond de secrets d'Etat.
le 17 septembre 1992, le
chef du parti kurde (DPK)
d'Iran en exil, Sadegh Charafkandi,
son représentanten Europe,
Fattah Abdoli, et son délégué
en Allemagne,
Homayoun Ardalan, ainsi que
le secrétaire de Charafkandi,
Nurallah Mohammadpur-Dekhordi,
étaient mitraillés à bout
portant dans le restaurant
gréco-berlinois" Mykonos ».
la mort brutale des quatre
hommes, invités à l'époque en
Allemagne par l'Internationale
socialiste, fait toujours l'objet
d'interrogations et d'une
amorcede polémique.
Ainsi, selon des membres
de la commissiond'enquêtedu
Pariement de Beriin, chargée
d'élucider ies dessous politiques
de l'affaire en marge de
l'instruction, les Kurdes ne seraient
peut-être pas morts si
les renseignements généraux
berlinois avaient fait leur travail.
En effet, l'organisateur
prés~é de l'attentat, l'Iranien
Kazem Darabi, avait recruté
ses quatre complices, les Libanais,
Abbas Rhayel, Youssef
Amin, Atallah Ayad et Mohammed
Atris, alors que les autorités
avaient relâché la surveillance
dont ii faisait l'objet
depuis la fin des années 80.
Elles jugeaient " inoffensif "
ceiui qu'elles avaient d'abord
classé " extrémiste " et
" agent" de Téhéran.
Incurie
des autorités
Rapidement identifiés puis
arrêtés, ces cinq hommes répondent
aujourd'hui de cette
action devant les assises de
Berlln-Moablt (nos éditions du
tO novembre) où leur procès
s'est ouvert le 28 octobre der-'
nier. les débats, qui pourraient
durer encore plusieurs
semaines, sont tout aussi difficiles
que « sensibles ". le secret
d'Etat entrave en effet la
progression de l'enquête.
lundi, une audition du collaborateur
du chancelier Kohl
chargé de la coordination des
services de renseignement, le
ministre d'Etat Bernd Schmidbauer,
a laissé sur sa faim la
commissionparlementaire.
Pour Renate KOnast, député
des Verts, le voile jeté sur
l'affaire ne sert qu'à masquer
l'incurie des autorités. la ce'ntraie
des renseignementsallemands,
à Cologne, n'avait-elle
JIll' adressé à sa filiale berli-
INise, au début de l'année
1992,unedépêctftl reeommandant
de surveiller de plus près
Darabi ?
les collègue...bedinol8 n'en
avaient pas tenu compte. Négligence
confirmée devant la
commission par l'ancien chef
des renseignements généraux
berlinois, Peter Dupke ; le téléphone
de Darabi ne fut placé
sur écoute que le 6 octobre
1992, après la mort des quatre
Kurdes. Darabi, lui, jure
« n'Itre pour rien dans toute
cette affaire ». Il se prétend
« injustement retenu en
prison ".
N'y a-t-il que des innocents
dans celte salle d'audience
protégée par une cloison de
deux mètres et une grille de
quatre mètres de haut? le
propriétaire du « Mykonos ",
cité à la barre des témoins, n'a
pas reconnu les accusés. II
avait été grièvement blessé au
foie et au rein par deux balles
perdues. Mohamed Atris qui
avait promis de « dire la
vérité ", s'est contenté d'apprendre
aux juges que, jamais
de sa vie, il n'avait vu Darabi
qu'il avait contacté les troi~
autres « par hasard" et que,
le jour de "attentat, il se promenait
avec sa petite amie,
avant de rendre visite à son
frère. Atris proteste ; « Je n'ai
jamais appartenu au Hezbollah
et je n'ai jamais tenu une
arme ". Néanmoins,il a fini par
admettre qu'il avait remis le
passeport de son frère à l'un
de ses colnculpés.
Dans sa loge en verre
blindé, à bonne distance de
Darabi et Rhayel, le témoin à
charge, Youssef Amin, est revenu
sur ses aveux qui avaient
permis "arrestation des quatre
autres prévenus. Peu après
son arrestation,.iI déclarait que
l'attentat alUlit. été perpétré
pour le compte de 1 fran. Ii
avait été chargé de faire le
guet à l'entrée du restaurant
mais sans savoir qu'il s'agi\>:
sait d'un assassinat. la radio
berlinoise relate que des
membres de la famille d'Amin
auraient été « enlevés et maltraités
" par le Hezbollah, au
Liban. SoulCe de cette information
: l'ancien président iranien
Abdul Hassan Bani-Sadr
exilé à Paris.
'
Jeudi, la perplexité des observateurs
n'a fait que s'accroitre
avec les déclarationsdu
juge Kubsch. Selon lui, les services
de la DND-le contre-espionnage
allemand - auraient
remis à la police une note susceptible
d'éclairer le quadruple
meurtre du « Mykonos ". Or,
c8'document a tout bonnement
disparu de la procédure.
_ En dépit des mystères et
des contradictions, le procureur
est parsuaaè que lesservices
secrets iraniens - la Vevak
ont commandité
l'opération.
Ambassadeur
d'Iran
l'acte d'accusation se réfère
en effet aux déclarations
faites à la télévision iranienne
par le ministre iranien, Ali Falahian,
le 30 août 1992 sur la
lutte des services secrets qu'il
dirige contre des « groupuscules
contre-révolutionnaires
", parmi eux le parti
kurde DPK auquel " nous
avons infligé des coups sé~
vèrl3s ". A l'époque, le prédécesseur
de Charafkandi à la'
tête du parti kurde DPK, Abdel
RahmanGhassemlu,avait déjà
été abattu à Vienne en juillet
1989.
Face à ces accusations
pour le moins directes, l'ambassadeur
d'Iran à Bonn
Seyed Hossein Mousavian ni~
que Téhéran ait trempé dans
l'affaire. Darabi vivait depuis
15 ans en Allemagne, a souligné
le diplomate dans une in_
terview du magazine Stem, laquel
mettait en cause son
ambassade. " Pourquoi S8-
rions-nous fous au point d'o,,-
ganiser de telles sottises préci.
sément dans le pays avec
lequel nous entretenons dB:
bonnes relations et qui, de
plus, est notre principal partenair8
commercial? " Selon lui,
Charafkandi a été tué par des
nationalistes kurdes pour avoir
convenu avec Téhéran, peu
avant sa mort, qu'on ne fonderait
pas un Etat kurde séparé
en Iran.
J•.ft. P.
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