Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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TéléObs
Soirée thématique:
"Les Kurdes, un peuple entre les Etats" . 21h45 . Arte
Le désespoir des Kurdes
Mardi
,. ,
PAR AIAIN DUGRAND
Eternels persécutés d'une histoire dominée par la course
au pétrole, les Kurdes sont les jouets massacrés des reniements
d'alliances des Etats de cette région-poudrière.
Sous l'œil indifférent d'une Europe lassée de tant d'opacité
Ils aerendem depuis quatre-vingtS am un Kurdistan autonome
K
irkouk, 1879. Il est autrichien et géologue.
Quand il découvre de fabuleuses nappes
pétrolifères, Emil Tietze n'imagine pas quel
imbroglio va naître de sa trouvaille. Les Anglais,
alléchés, ne parviennent pas à circonvenir le sultan
ottoman. Ce sont les Allemands, concessionnaires
du chemin de fer de Bagdad, qui raflent la mise.
Alors, les Britanniques éconduits courent vers
l'Iran, où, en 1907, des gerbes d'or noir
éclaboussent les ingénieurs de la British PetrOleum.
Paris change de camp
De Gaulle soutenait les Kurdes. Au
nom du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes. Durant des
décennies, Paris maintint la ligne.
Depuis l'arrivée au pouvoir du
gouvernement Balladur, la position
française s'est inversée. En mai
dernier, c'est un François Mitterrand
bien solitaire qui rencontre les deux
principaux dirigeants kurdes, Jalal Massoud Barzani
T-atâbani et Massoud Barzani. Un
rendez-vous élyséen en l'absence d'Alain Juppé,
ministre des Affaires étrangères. Aucun membre
du gouvernement n'éprouve alors le désir de
rencontrer les leaders, pas même le ministre à
l'Action humanitaire et aux Droits de l'Homme,
Mossoul et Kirkouk deviennent les perles de la
City. Bonnes affaires. Entre 1912 et 191~, les
majors naissantes fondent la Turkish Petroleum
Cie (50 % à l'Anglo-Persian Oil Cie, 25 % à la
Shell et autant à la Deutsche Bank [*]).
Un peu plus tard surgissaient enfin, par le traité de
Sèvres, le démembrement de l'Empire ottoman et
le partage de l'eldorado. Français - avec Georges
Picot -, anglais - avec Mark Sykes -, les diplomates
isolent les terres arabes de l'empire turc. Vient le
Lucette Michaux-Chevry. Fin
décembre, Charles Pasqua lance une
rafle à Paris et en province contre
des Kurdes accusés d' t association de
malfaiteurs en liaison avec une
organisation terroriste J. Cible: les
compagnons de route du PKK en
France. Aucun attentat n'est à
imputer au débit de ce parti, la
police ne découvre ni armes ni
explosifs, seulement du matériel de
propagande. Le 1" octobre à
Ankara, François Léotard, chargé de
la Défense, négociait la vente de vingt
hélicoptères Cougar de fabrication francoallemande.
La Turquie est membre de plein
droit de l'OTAN. Une force de stabilité dans la
région...
A.D.
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temps des mandats de Mésopotamie et de Syrie.
L'époque, aussi, des promesses fallacieuses aux
cheikhs kurdes: Mossoul contre un statut spécial.
Créer un Kurdistan autonome, voilà une bonne
idée ... Quatre-vingts ans plus tard, les promesses
sont restées vaines. Douze millions de Kurdes vivent
sous l'oppression turque, 6 en Iran, 4 en Irak,
1 million en Syrie. Et pour parfaire la mosaïque,
300 000 Kurdes sont implantés au Caucase, en
Asie centrale, quelques dizaines de milliers à Beyrouth
et 600 000 sont réfugiés en Europe. Le chagrin
des Kurdes. Une Bosnie octogénaire, née des
rivalités entre puissances. Un peuple éclaté, meurtri.
Tragédie sans fm, comme un titre de film.
Les Kurdes? Ça va, ça vient. La génération du
baby-boom entendit pour la première fois parler
des Kurdes par de Gaulle, l'empêcheur de tourner
en rond. C'était en 1963, quand le parti Baas s'empara
du pouvoir en Syrie. Mustafa Barzani, fondateur
du Parti dèmocratique du Kurdistan (pKK,
1946), rentrait d'un long exil en Union soviétique
en 1958. Des coïncidences de dates, une longue
traversée du désert avaient dû frapper l'homme du
13 mai. Depuis, les Kurdes sont les jouets massacrés
des reniements d'alliances qui, au gré de l'histoire,
déchirent les Etats de la région. Ça va, ça
vient, les Kurdes. En 1988, Saddam Hussein gaze
avec son matériel allemand les populations villageoises
d'Halabaja et Zakho. Quelques milliers de
morts. Télévisées. A l'issue de la guerre du Golfe,
les Kurdes émeuvent le monde. La saga humanitaire
fait la une, en direct, èn 1991. Saddam, dans
le rôle du salaud, massacre les villes kurdes insurgées.
Deux millions de Kurdes sur les sentiers de
l'exode ... Un million en Iran, 200 000 en Turquie
et 800 000 qui campent dans les glaces montagneuses
de la frontière turquo-irakienne. En août
de la même année, l'aviation turque assaille les
bases du PKK, en Irak, avec l'aval des organisations
kurdes irakiennes ... C'est qu'ils sont compliqués,
les Kurdes, avec leurs myriades de traditions,
de partis et d'options. Et leurs alliances
contrecarrent souvent l'illogisme des puissances.
Les Kurdes agacent. La géopolitique pétrolière
porte ce peuple à bout. Le PK '(, expression d'un
marxisme-léninisme chaotiq\, n'escompte plus
les solutions d'autonomie sau cesse remises en
question par les dictatures qui s'assurent la maîtrise
des richesses fossiles de l'espace kurde. Reste
alors la violence terroriste. Désespérée, cruelle.
Contre la guerre de décimation que mène la Turquie,
en bonne élève antidémocratique du bloc occidental.
Et l'on meurt. Sous la torture. Dans d'effroyables
répressions contre les populations civile~,
Et les opinions occidentales? Lasses de tant q:cpacité,
elles n'énoncent même plus la dtarfJatique
question: que faire? A. D.
(*) « La Qlli).tion kurd" " par Elis4/!.th Picard, Editions
COII/pl.;x.;.
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