Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
Réfugiés installés dans une ancienne prison, à Dohuk.
Un membre du conseil municipal
de Suleimani déplore les
attitudes engendrées par la crise
économique : « Certains vont
jusqu'à démonter les pylônes
électriques pour vendre du fer à
l'Iran, d'autres ach;'tent du riz
en gros et attendent que les prix
montent pour l'écouler sur le
marché, d'autres encore parviennent
à détourner l'aide humanitaire
et vendent au bazar
des vêtements ou des denrées qui
étaient destinées à être distribuées.
La délinquance augmente,
notamment les vols chez
les particuliers. Si l'embargo
était levé, nous pourrions faire
la démonstration de notre capacité
à gérer la région. »
Selon Kak Djabar, membre
du gouvernement kurde, le plus
gros problème est celui de la
relance de l'agriculture: « Si les
gens ne rentrent pas dans leurs
villages, nous restons dépendants
de la Turquie et de l'Iran
pour les produits
agricoles.
Eaide est encore
plus urgente
La population des grandes
villes du Kurdistan a énormément
augmenté depuis l'exode et
nous n'avons pas les moyens
d'intégrer ce surplus de population.
»
Nombre de. paysans se sont
pourtant réinstallés dans leur
village d'origine, où ils ont dû
entreprendre un énorme travail
de déminage avant de 'pouvoir
reconstruire leur maison et semer
à nouveau. Aux paysages de
terres dévastées succèdent peu à
peu champs cultivés et nouvelles..
constructions en parpaings.
Mais la reconstruction; qui
doit se faire dans tous les domaines
à la fois, exige des
compétences et des moyens techniques
et financiers dont ne dispose
pas le Kurdistan aujourd'hui.
Sans compter que les
problèmes énergétiques handicapent
sérieusement les efforts entrepris
: le gouvernorat de Dohuk
est complètement privé
d'électricité depuis l'été, tandis
que Suleimani vit au rythme des
coupures. Le marché. des lampes
à pétrole est florissant.
Les échos qui parviennent du
reste de l'Irak montrent que la
.situation y est encore plus catastrophique.
Les Kurdes s'interrogent
avec inquiétude sur la façon
dont la situation pourrait
dégénérer. Un mécanicien m'interpelle
et exprime les questions
qui occupent tous les esprits :
« Savez-vous combien il est difficile
de vivre dans l'incertitude
du lendemain? Que veulent faire
les pays occidentaux avec nous?
Vont-ils nous lâcher demain,
L'un des chAteaux construits par Saddam Hussein pour luimême
et ses h6tes dans la région de Sarsang.
après-demain? Vont-ils empêcher
Saddam de revenir ou le
laisser? Ils savent que l'embargo
rie fera pas partir Saddam, mais
ils le maintiennent quand même.
Que veulent-ils? Nous appauvrir?
» Et il ajoute : « C'est
maintenant qu'il faut nous aider.
»
Texte et photos
de FREDERIQUE LE BRUN
(1) Depuis les élections du printemps
1992, le Kurdistan d'Irak
s'est doté d'un gouvernement et
d'un parlement élus.
(2) Respectivement chef du Parti démocratique
du Kurdistan et de
l'Union populaire du Kurdistan.
principaux partis du pays.
185