Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RNISTA
STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
Le Nouveau Quotidien - 22 février 1994
Au Kurdistan, une sale guerre
qui n'ose pas dire son nom
I -
Non loin de l'ex- Yougoslavie
déchirée, aux portes de
l'Europe, un autre conflit
sanglant mériterait
l'attention des Occidentaux:
la guerre turco-kurde.
Rappel historique d'une
indifférence coupable.
Par Chris Kutschera*
Longtemps considérée comme
une simple opération de
police, la guerre du Kurdistan
est passée par plusieurs
stades avant d'en arriver au
conflit actuel, dont les «débordements»
préoccupent aujourd'hui
non seulement les défenseurs des
droits de l'homme mais aussi certains
dirigeants européens. Pendant
plusieurs années, la guerre,
qui a commencé avec le déclenchement
de la lutte armée par le
PKKle 15 août 1984, était restée
un sujet confidentiel, auquel ne
s'intéressaient, en dehors de Turquie,
que quelques polémologues,
de rares journalistes et quelques
humanistes: de 1984 à 1990, les
droubles» du Kurdistan avaient
fait 1500 victimes. Qui s'en souciait?
Pendant cette période de la
«guerre secrète du Kurdistan», le
conflit autrement plus grave qui
oppose l'Iran et l'Irak (1980-
1988) menace la paix - et le
confort - du monde et fait des
centaines de milliers de victimes.
Qui donc serait allé dénoncer la
répression qui s'abat sur les
Kurdes de Turquie - une répression
que les autorités turques gèrent
très habilement en créant, en
mai 1985, les «gardiens de village»,
des «harkis» kurdes payés
pour faire le sale boulot à la place
des soldats turcs.
La «guerre ouverte» commence
en 1992, elle est marquée par les
affrontements de Now Rouz (Nouvel-An
kurde), à Djeziré et Nusaybin,
et par la bataille de Shirnak
(18 août 1992); l'armée turque ne
rase plus des hameaux kurdes
perdus dans la montagne, elle
s'en prend, carrément, aux villes
kurdes. Après ces affrontements,
Shirnak est une ville dévastée, et
interdite.
En 1992, la Fondation des
droits de l'homme d'Ankara recense
3000 victimes au Kurdistan.
De nouvelles villes kurdes sont
victimes du déchaînement de l'armée
turque: Kulp (octobre 1992)
et ücce (octobre 1993) partiellement
détruites par l'armée et vidées
d'une grande partie de leur
population...
La troisième phase - l'internationalisation
du conflit - commence
en octobre 1992, quand l'armée
turque lance une opération
en territoire irakien, pour «net.
toyer» la région frontalière. Cette
internationalisation s'accélère
avec le bombardement, le 28 janvier
1994, du camp PKK à Zalé,
par 50 avions F-16 et F-4 turcs,
qui utilisent des bombes à fragmentation.
Ce camp d'entraînement
du PKK,à cheval sur la frontière
iranienne et irakienne, se
trouve à plusieurs dizaines de ki.
lomètres de la Turquie, dans la
zone d'exclusion aérienne - UI\e
zone de l'Irak interdite à l'avia"
tion irakienne - où les avions
américains, britanniques et français
protègent les Kurdes ira-,
kiens, mais manifestement pas les
Kurdes turcs. C'est la première'
intervention de l'aviation turque
aussi loin de ses frontières. Mais
elle est pratiquement restée inaperçue,
à part quelques courts
entrefIlets dans la presse internationale.
Ce raid prouve en tout cas
que la guerre du Kurdistan n'est
plus une affaire intérieure, qu'il
ne s'agit pas seulement d'un problème
de «terrorisme», comme
s'acharnent à le dire les dirigeants
turcs, ni d'une question de
respect des droits de l'homme,
comme le prétendent les responsables
occidentaux.
On ne soulignera jamais assez
l'attitude équivoque de nos gouvernants,
qui ont pratiquement
donné carte blanche aux dirigeants
turcs, depuis le début du
conflit. Après avoir longtemps
gardé les frontières de l'URSS,la
Turquie reste, en effet, la base indispensable
de l'opération «Poised
Hammer» en Irak.
Et elle est un bon client pour
une industrie de l'armement qui
connaît une crise très grave.
On observe cependant une très
légère évolution de l'attitude des
dirigeants occidentaux: Douglas
Hurd et Klaus Kinkel, ministres
des Affaires étrangères d'Allemagne
et de Grande-Breta-gne,
ont notamment évoqué la question
kurde lors de leurs récents
entretiens avec les dirigeants
turcs à Ankara. Mais ils l'ont fait à
huis clos, se cantonnant au problème
des droits de l'homme.
Plus récemment, François Mitterrand
a accueilli à l'Elysée une
délégation de parlementaires
kurdes de Turquie, auxquels il aurait
déclaré que «la Turquie ne
respecte même pas ses propres
lois». Mais cette délégation kurde
n'a vu aucun membre du gouvernement
fran~is, qui a apparem-
PKK attacks Iraqi
oilpipeline again
ment choisi son camp... ou ses intérêts.
Ues élections municipales du
27 mars prochain en Turquie désigneront
des interlocuteurs
kurdes démocratiquement élus,
du moins on l'espère, avec lesquels
Ankara pourrait enfin engager
un dialogue permettant d'en
finir avec la spirale de la violence;
il faut que tous les gouvernements
européens, quels qu'ils soient, et
surtout les «amis» du pouvoir
turc, envoient des observateurs à
ces élections: elles sont peut-être
la dernière chance d'éviter une
terrible dérive à la yougoslave. 0
.. Chris Kutschera, journaliste et
écrivain. est un spécialiste de la
question kurde. Il donne cette semainè
une série de conférences
en Suisse romande.
Reuters
ANKARA. Separatist Kurdish militants blew
up an idle crude oil pipeline in southeast Turkey
in the third such attack in a month, causing a fire
but no casualties, officials said on Thursday.
An official from state pipeline company Botas
said members of the Kurdistan Workers Party
(PKK) attacked the pipeline on Wednesday night
at a station, 18 km (Il miles) east of Idil town
near the Iraqi border.
"Pressure in the pipeline was so low that oil
loss will be only a few hundred cubic metres and
the fire is under control," a Botas official said.
The PKK rocketed three crude oil tanks
belonging to Bota~ last week and caused an oil
spill of about 700 barrels. The group, whose 10-
year-old independence war for a Kurdish state
has cost more thanlO,800 lives, bombed and set
ablaze the same pipeline near Cizre in southeast
Turkey in January. The 986-km (6l6-mile) twin
pipeline, which runs from Iraqi oilfjelds of
Kirkuk to Turkey's southern coast, has not been
used since August 1990, when Ankara ,shut it
down after},~.N.:. trade' emb~r~O'l1gàjt\st
Baghdad for 'ItS InvasIOn of'Kuwalt About föl1r
million barrels of crude oi! is trapped in the
pipeline and officials say it should be emptied to
prevent corrosion by the crude.
199