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ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

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Barblan: D’Orient en Occident: histoire de la riziculture et muséologie<br />

Se donnant ainsi la chance de créer, par ses capacités d’évocation et de suggestion, une<br />

dynamique en retour qui pourrait stimuler d’autres avancées du savoir.<br />

La longue marche du grain<br />

L’épopée des plantes cultivées et de leur géographie, donc de leur répartition progressive<br />

dans l’espace-temps, constitue un chapitre ontologique de l’histoire de l’humanité,<br />

brillamment initié, dès 1855, par le botaniste genevois Alphonse de Candolle.<br />

Dans cette perspective le riz occupe une place de choix. Non seulement, rappelons-le, il<br />

s’agit de la céréale la plus importante, avec le blé, pour la consommation humaine, mais le<br />

groupe auquel elle appartient traverse les temps historiques, préhistoriques, voire<br />

géologiques pour ses origines lointaines à l’état sauvage.<br />

De plus, faut-il y voir un symbole consacrant son statut de « essential harvest » ?, son<br />

génome a été entièrement séquencé il y a peu et est devenu un modèle pour la génomique<br />

des autres céréales.<br />

Que l’on traite d’Oryza sativa – ou Oryza glaberrima en Afrique de l’Ouest – de ses<br />

principales sous-espèces, indica, japonica et javanica, de ses innombrables variétés<br />

contemporaines, l’histoire de sa domestication, loin d’être dûment balisée et comme figée<br />

dans le savoir, est en constante évolution et s’avère d’une étonnante plasticité.<br />

A cet égard, la contribution de l’archéobotanique – dont les méthodes d’investigation<br />

s’affinent et se diversifient – a été et restera déterminante ; je citerai, par exemple, les<br />

travaux de Lorenzo Costantini, auxquels je me réfère pour une bonne part ci-après. 13<br />

Sur la base des sources alors disponibles (dans l’ordre de l’histoire comme de la botanique),<br />

de Candolle dessinait déjà une chrono-cartographie du riz encore hésitante, certes, néanmoins<br />

pertinente dans les grandes lignes, ancrant l’ancienneté de la plante dans la linguistique (ainsi<br />

du rūz arabe, de l’oryza latin ou du grec oruzon, issus du sanscrit vrihi ou arunya).<br />

Le chemin parcouru par le savoir, notamment grâce à l’archéologie, permet de confirmer<br />

aujourd’hui que le bassin d’origine s’étendait de l’Inde orientale à la Chine méridionale.<br />

C’est donc là que des proto-agriculteurs – discernant dans le riz sauvage un potentiel<br />

alimentaire – initièrent, il y a 10 ou 15'000 ans, le processus de domestication.<br />

Passant d’une phase de cueillette à l’exploitation des champs naturels de riz sauvage puis à<br />

la cultivation à proprement parler.<br />

L’aptitude de la plante à coloniser les écosystèmes les plus variés permit de transférer la<br />

culture dans de nouvelles régions, affinant ainsi la domestication par une diversification écogéographique<br />

et génétique à l’origine des principales sous-espèces encore cultivées.<br />

Les techniques de fouille et d’analyse – qui ne relèvent pas exclusivement de<br />

l’archéobotanique mais concernent aussi des artefacts, tels que ceux destinés à la récolte ou<br />

à la transformation, dès le Néolithique - ont donc permis d’attester que, à l’origine, le riz<br />

sauvage constituait déjà un aliment important pour des populations préhistoriques de<br />

certaines régions de la Thaïlande, du Viet Nam, de la Corée, de la Chine et de quelques îles<br />

du Sud-Est asiatique.<br />

13<br />

Centro di Ricerche Bioarcheologiche, <strong>Museo</strong> Nazionale d’Arte Orientale / Istituto Italiano per l’Africa e<br />

l’Oriente, Roma.<br />

Voir notamment l’exposition documentaire réalisée sous sa direction: Il riso dall’Oriente estremo all’Italia.<br />

Roma, MNAO, dicembre 2004-febbraio 2005.<br />

Voir aussi, par exemple : « Evidence for rice cultivation in Nepal Terai from Gotihawa(XIII-III cent.BC) », sous<br />

presse.<br />

113

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