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ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

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Gob: Musées en guerre<br />

Il faut souligner le fait que tous les musées et tous les conservateurs ne doivent pas<br />

être logés à la même enseigne. Ainsi par exemple, à trois reprises, l’Association des<br />

Musées américains (AAM) s’est élevée avec succès contre des pratiques douteuses.<br />

1° En 1945, l’armée américaine décide d’emporter aux Etats-Unis un ensemble de<br />

202 chefs d’œuvre européens parmi les tableaux et les sculptures retrouvées dans<br />

les dépôts nazis. Les personnes chargées d’exécuter le transfert – dont le<br />

Capitaine Farmer – et les musées américains s’élèvent avec véhémence contre<br />

cette spoliation et les USA doivent ramener les tableaux en Allemagne en 1949.<br />

2° Après la Conférence de Washington sur la restitution des biens spoliés aux juifs,<br />

l’AAM conseille à ses membres d’effectuer des recherches systématiques sur<br />

l’origine des tableaux qu’ils détiennent, elle définit des procédures et elle<br />

encourage une politique de restitution systématique.<br />

3° Après le pillage du Musée national des Antiquités de Bagdad en 2004, les musées<br />

et les archéologues américains suscitent une campagne de sensibilisation et<br />

d’information – notamment via un site Internet – pour lutter contre l’acquisition par<br />

des musées ou des collectionneurs américains, des objets volés à Bagdad.<br />

Au nom de la patrie<br />

La guerre se nourrit de patriotisme, avant, pendant et après le conflit. Le musée<br />

constitue un instrument de choix dans cette perspective, en particulier dans la<br />

préparation des esprits. Les Heimatmuseen, musées d’ethnographie régionale<br />

allemands, sont utilisés dans l’entre-deux-guerres pour exalter l’appartenance au<br />

terroir et les valeurs rurales traditionnelles, dans la ligne de l’idéologie nationaliste<br />

germanique que le régime nazi exploitera et amplifiera jusqu’à conduire l’ensemble du<br />

peuple allemand à l’acceptation de la guerre européenne. La Maison du Pays rhénan<br />

(Haus der Rheinischen Heimat) inaugurée à Cologne le 21 mai 1936 par le Dr. Joseph<br />

Goebbels, ministre de la Propagande, en constitue un exemple remarquable, d’autant<br />

qu’il met en œuvre une muséographie et une scénographie réellement novatrices<br />

destinées à parler au peuple : « il s’agissait là d’une voie nouvelle, conduisant du<br />

musée des savants et des esthètes, vers le musée populaire allemand » 11 . Cet<br />

exemple est assez connu pour qu’on ne s’y attarde pas. D’autres situations sont plus<br />

intéressantes parce qu’elles illustrent une même orientation patriotique du musée –<br />

souvent par les conservateurs eux-même – dans un contexte apparemment « plus<br />

acceptable », qu’il soit moins dramatique (que la Seconde Guerre mondiale) ou situé<br />

« du bon côté », celui du vainqueur.<br />

Le Palais de Venise à Rome (Palazzo di Venezia) abritait, jusqu’en 1916, l’ambassade<br />

d’Autriche auprès du Saint-Siège. En guerre contre l’Autriche, l’Italie confisque le palais,<br />

par un décret du 25 août 1916, et le destine, dès ce moment, à l’installation d’un<br />

« ‘musée de la Nation’ qui représentât la reconquête de l’unité nationale et<br />

l’accomplissement du processus de réunification » 12 . Concrètement, il s’agit d’y établir un<br />

musée du Moyen Âge et de la Renaissance, périodes où se forment les racines de l’Italie<br />

moderne. Le projet, confié à Federico Hermanin, fait le choix d’une muséographie<br />

d’immersion (museografia di ambientazione) de façon à ce que les salles du musée<br />

puissent aussi servir à accueillir les hôtes prestigieux de l’Etat ! Elles sont donc<br />

meublées à la façon d’un palais ancien (le Palazzo Venezia remonte au XVe siècle) et<br />

les œuvres sont accrochées « naturellement ». Les premières salles sont ouvertes en<br />

11<br />

Joseph Klersch, « Un nouveau type de musée. La Maison du Pays rhénan », dans Mouseion, 35-36,<br />

1936, p. 7-40 (cit. p. 14).<br />

12<br />

Paola Nicita, « Nazione e museo : il cantiere del Palazzo di Venezia in Roma (1916-1936) » dans<br />

Fabrizia Lanza (ed.) <strong>Museo</strong>grafia italiana negli anni venti : il museo di ambientazione, Rome, p. 161-<br />

188. Sur ce thème, voir aussi Paola Nicita, « Il museo negato. Palazzo Venezia 1916-1930 » dans<br />

Bollettino d’Arte, n° 114, 2000, p. 29-72.<br />

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