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ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

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Célius: Le musée, le passé et l’histoire<br />

Car la conception qui sous-tend celui-ci est aussi bien au fondement du Palais du<br />

Centenaire (1904) que du MUPANAH (1982-1983). C’est du moins ce que je voudrais<br />

démontrer tout en faisant ressortir que cette conception est liée à une phase bien<br />

déterminée de réélaboration du récit national haïtien 13 .<br />

Palais du Centenaire ou de l’Indépendance, l’appellation rappelle une pratique en<br />

vogue en Europe au XIXe siècle d’affecter un écrin palatial aux musées 14 . Elle révèle<br />

aussi la nature du projet initial et situe le contexte de sa concrétisation. L’établissement<br />

est créé à l’occasion du centenaire de l’indépendance du pays <strong>of</strong>ficialisée le 1 er janvier<br />

1804. Son inauguration constitue l’une des manifestations les plus importantes des<br />

célébrations organisées en la circonstance. Il a été voulu par le président alors en<br />

exercice, Nord Alexis (1902-1908), qui «encouragea à sa façon tous les arts, et<br />

spécialement, pour la propagation de l’histoire nationale, la peinture et la sculpture. »<br />

Un président qui réservait un « accueil sympathique, cordial, largement rémunérateur<br />

[…] à tous ceux qui lui apportaient des tableaux ou des bustes rappelant les fastes de<br />

notre Indépendance ou les traits de nos guerriers illustres. Tous les papiers,<br />

autographes, souvenirs quelconques se rattachant à notre grande époque, furent<br />

payés par lui au poids de l’or. » Un président qui « acheta de ses deniers<br />

l’emplacement où Dessalines proclama aux Gonaïves l’Indépendance nationale et il en<br />

fit don à la République. Il paya douze mille dollars l’habitation Vertières où se livra<br />

l’immortelle bataille de ce nom... Le Corps législatif, en 1904, lui vota une somme de<br />

cinquante mille dollars et, je crois, le titre de Père de la Patrie. Il voulut bien du titre,<br />

mais ne toucha jamais la somme, la réservant, disait-il, à l’érection d’une colonne dans<br />

les plaines de Vertières.» 15 De fait, une colonne commémorative du Centenaire de<br />

l’indépendance nationale 16 est inaugurée le jour du « baptême » du Palais, le 3 janvier.<br />

Et celui-ci est édifié aux Gonaïves, « la cité de l’Indépendance », à l'angle des rues<br />

Louverture [Toussaint Louverture] et Liberté, au lieu où, vraisemblablement, « l’Acte de<br />

notre Émancipation politique fut signé» 17 .<br />

Érigé «en mémoire de l’Illustre Dessalines et des valeureux Héros de notre<br />

Indépendance» 18 , l’édifice est conçu par l’architecte haïtien Robert Baussan. Au rez-dechaussée,<br />

on retrouve la galerie Louverture donnant sur la rue du même nom. Elle<br />

conduit aux quatre portes principales, celle de l’axe d’entrée, la porte Nord Alexis, celle<br />

de droite, baptisée Toussaint Louverture et celles de gauche, la porte Dessalines et la<br />

porte Pétion. Dans la première salle, salle Louverture, sont exposés les bustes de<br />

Toussaint Louverture et d’Alexandre Pétion. De ce lieu, on accède à l’escalier d’honneur.<br />

A droite de cet escalier se place la salle Pétion tandis qu'au fond se situe la principale<br />

salle du rez-de-chaussée. Y est exposée la statue de Dessalines derrière laquelle est<br />

accroché un tableau historique «Défense de la Crête-à-Pierrot». Une autre salle du rezde-chaussée,<br />

dédiée à Boirond Tonnerre, le rédacteur de l’Acte de l’indépendance,<br />

donne accès à l’escalier secondaire. «Par l’escalier d’honneur, on atteint le palier. Les<br />

yeux y rencontrent sans fatigue, la grande photographie du Général Nord Alexis,<br />

Président de la République. Par ce palier, on arrive par deux rampes d’accès aux<br />

galeries d’Exposition des Aïeux. De là, il est permis d'admirer l’ensemble de ce gracieux<br />

édifice. Le coup-d’œil y est admirable. […] ». L’entablement du Palais « est richement<br />

décoré, les corniches sont bien étudiées, l’aménagement des pièces est heureusement<br />

13 Sur la notion de récit collectif, cf. notamment Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil,<br />

1990 ; Temps et récit, Paris, Seuil, 1991, 3 vols ; Jean-Noël Pelen, « La production du récit collecif »,<br />

Le Monde Alpin et Rhodanien, 4 e trimestre 1999, pp. 97-103.<br />

14 Chantal Georgel, dir., La jeunesse des musées : les musées de France aux XIXe siècle, Paris, Éditions<br />

de la RMN, 1994.<br />

15 Frédéric Marcelin, Le général Nord Alexis, Paris, Société Anonyme de l’Imprimerie Kugelmann, 1905,<br />

pp. 23-24.<br />

16 Antoine Augustin, 1804-1904. Les fêtes du centenaire aux Gonaïves, Port-au-Prince, Imprimerie<br />

Heraux, 1905, pp. 49- 53.<br />

17 Ibid., p. 7.<br />

18 Ibid., p. 6.5<br />

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