07.12.2012 Views

ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Barblan: D’Orient en Occident: histoire de la riziculture et muséologie<br />

D’après cette hypothèse, si nous l’entendons bien, l’ancêtre de tous les riz proviendrait<br />

d’Afrique, le genre aurait ensuite transité par l’Eurasie (il y a une cinquantaine de millions<br />

d’années) avant de se répandre en Asie du Sud-Est où il allait trouver, on l’a vu, le berceau<br />

de sa domestication majeure, (tandis que la domestication du riz africain progressait, à bien<br />

moindre échelle, de manière indépendante).<br />

Dès lors, la céréale allait repartir à la conquête du monde en sens inverse.<br />

Sans rien enlever à la prééminence de l’Asie du Sud-Est, dans le temps comme dans<br />

l’espace, sous l’angle de la domestication de la plante puis de l’expansion de sa culture, la<br />

théorie du temps long géologique illustrerait un périple plus complexe tout en plaçant<br />

l’Afrique, comme pour le genre humain, dans une position « matricielle ».<br />

Quelles que soient les lacunes parfois béantes de la documentation (souvent enfouie ou trop<br />

dispersée lorsqu’elle existe) pour de multiples régions qui ont vu pousser le riz depuis des<br />

siècles, en dehors du sous-continent indien et de l’Asie du Sud-Est – lacunes<br />

paradoxalement( ?)plus criantes pour l’hémisphère occidental à l’époque historique – il n’en<br />

demeure pas moins que cette promenade dans la pr<strong>of</strong>ondeur du temps et de l’espace risicoles<br />

assoit du même coup la nécessité de sa présence et de son interprétation dans l’ordre muséal.<br />

Tissant un réseau serré de liens entre les hommes, le temps et l’espace, la « civilisation du<br />

riz » s’inscrit dans les formes les plus variées, non seulement des pratiques agricoles, mais<br />

aussi de la mémoire et de la culture.<br />

Elle affirme ainsi ses caractères fondamentalement diachroniques, mais aussi synchroniques<br />

et œcuméniques.<br />

Du miroir de la rizière au reflet dans le musée<br />

« Mais le Paysage, bien contemplé, n’est pas autre lui-même,<br />

que la peau, - trouée par les sens, - de l’immense visage humain.»<br />

Victor Segalen, Peintures, 1983<br />

Liant dans une belle gerbe l’homme, l’espace et le temps, Georges-Henri Rivière définissait,<br />

en 1980, l’écomusée comme « un miroir où cette population se regarde pour s’y reconnaître…,<br />

un miroir que cette population tend à ses hôtes pour s’en faire mieux comprendre… ». 19<br />

Ce qui m’incite à poser en parallèle l’une des propriétés plastiques, visuelles, majeures des<br />

rizières (si je fais l’impasse sur les essarts de riz sec…), soit l’effet de miroir des plans d’eau<br />

préparés pour recevoir les jeunes pousses (promesse de récolte renouvelée, toujours<br />

pareille et à chaque fois diverse) et le musée, qui devrait porter et tenir les mêmes<br />

promesses en labours et récoltes de mémoire et d’interprétation.<br />

Quant aux musées d’histoire, lato sensu, G.-H.Rivière estimait que leur mission consistait à<br />

« étendre leur champ au-delà de l’événement et de l’homme vedette, pour atteindre la<br />

société globale sous ses aspects de tous les jours, mettre en parallèle le développement<br />

économique et les changements qui en résultent dans l’environnement naturel, inspirer la<br />

compréhension et le respect mutuel des cultures historiques et des cultures contemporaines,<br />

mesurer les problèmes de l’aujourd’hui et du demain ».<br />

Tautologie, soutiendra-t-on ?<br />

19 Rappel, en fait, de l’interview au Monde du 8-9 juillet 1979. Cité ici d’après Jean-Claude Duclos, « Collecte et<br />

restitution en Camargue », in : La muséologie selon Georges-Henri Rivière. Paris (Dunod), 1989, pp.188-192.<br />

Voir aussi Nina Gorgus, Le magicien des vitrines, Paris (Maison des Sciences de l’Homme),<br />

2003(édit.orig.allemande,1999). La seconde citation est tirée d’un éditorial à Museum, Vol.32 (1980)/1-2, p.2.<br />

117

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!